Fleurs… Jusqu’au bout de la terre est le prolongement naturel du chemin de création emprunté par Paola Ruggeri et Hacer Toruk. Considérant leur altérité respective et leur curiosité commune, ces deux femmes ont développé une réelle complicité, chacune percevant dans le travail de l’autre une résonance culturelle et esthétique. Pour ces artistes, l’interculturalité est autant un enjeu qu’un défi du xxie siècle, car elle interpelle notre capacité à rencontrer d’autres cultures et expressions artistiques, sans « ethno-centrage » ; à les apprécier et à les intégrer dans notre société. Paola et Hacer citent souvent ces mots de Claude Lévi-Strauss : « L’exclusive fatalité ou encore l’unique tare qui puisse affliger un groupe humain et l’empêcher de réaliser pleinement sa nature, c’est d’être seul. »
Paola Ruggeri est également connue pour avoir collaboré avec des musiciens grecs, azéris ou iraniens. Sa définition d’une approche contemporaine de la danse consiste à témoigner d’une culture en mouvement, où le brassage rend hommage à chacun et parle à tous.
L’identité artistique ne se résume pas à l’idée d’« être né quelque part ». La chorégraphe revendique une identité « plurielle » enrichie par ses rencontres pour développer une écriture qui s’affranchit de référents à une culture déterminée. « Nos corps d’aujourd’hui rencontrent d’autres corps, mouvements et gestuelles venus d’ailleurs. Par une loi qui m’échappe, parfois le lien s’établit en un rien de temps et la danse surgit. »