Dernière minute …
En raison d’une forte grippe, le fadista João Escada ne pourra pas être sur scène.
C’est la jeune et formidable Maria Emilia qui prend le relai.
Un avant-goût ? Cliquez ici : Maria Emilia - Procura-me esta noite
Alors que le « Novo Fado » a conquis les scènes européennes depuis des années, des fadistas et musiciens continuent de réinventer le fado traditionnel dans les tavernes obscures des ruelles d’Alfama, le quartier mauresque de Lisbonne. « Fado traditionnel » fait ici moins référence à une structure particulière qu’à un style musical tout à fait unique, où l’improvisation joue un rôle crucial, et où artistes et public « convoquent » ensemble la saudade, l’émotion propre à ce genre musical depuis deux siècles. On pourrait comprendre la saudade comme un désir intense de quelque chose que l’on aime et que l’on a perdu, mais qui pourrait revenir dans un avenir incertain. Préservant l’espoir et l’aspiration pour la vie, la saudade se distingue de la nostalgie romantique. Ainsi, comme le dit Tó Moliças, l’un des joueurs de « viola » de la reine du fado Amália Rodrigues : « O fado é sério, não é triste! ». Le fado est sérieux, mais il n’est pas triste !
Si la saudade est souvent considérée comme le mot portugais le moins aisé à traduire, c’est sûrement qu’elle doit avant tout se vivre. Loin de toute concession commerciale, les deux fadistas et les musiciens (viola et guitarra) se sont spécialisés dans ce style traditionnel difficile mais néanmoins développé et pratiqué aujourd’hui encore par et pour des gens du peuple. Le succès des concerts donnés sur des scènes comme De Bijloke à Gand ou la Tentation à Bruxelles a montré que les intenses émotions du fado sont parfaitement compréhensibles à un public ne partageant pas la langue des poèmes : l’accueil chaleureux et enthousiaste d’une salle donne exactement aux musiciens portugais ce qu’il faut pour se croire dans une petite casa de fado, la nuit, après une journée bien ensoleillée.