Terminé
21 juin 2005

Dialogue des cultures

Les noces berbéro-celtiques de Mugar

A l'origine du groupe, trois musiciens : Youenn Le Berre, issu de Gwendal, Michel Sikiotatis, un ex-Taxi Mauve et Nasredine Dali, bon génie musical qui a accompagné les plus grands noms de la chanson kabyle, dont Idir et Takfarinas. Soit trois flûtistes qui ont voulu, dans un esprit de rencontre et de métissage, faire fusionner la culture celtique et berbère. Autour du trio, des musiciens et des chanteuses, dix en tout, venus de ces deux répertoires. Pour eux, tout a commencé en juin 1996, à l'occasion du concert qu'ils ont donné au « Printemps Celte » à la Grande Halle de la Villette à Paris. L'alchimie a si bien fonctionné que la formation s'est maintenue et a enregistré son premier album.
Le répertoire de Mugar (référence au mot qui désigne un lieu de rencontre de caravanes dans le grand sud algérien) marie harmonieusement les deux cultures et alterne emprunts à la musique traditionnelle et compositions originales. Il reflète surtout la connivence et le plaisir qu'ont des musiciens férus de partage populaire à jouer ensemble. Mugar, c'est une histoire de correspondances secrètes entre deux musiques enracinées dans des aires culturelles têtues et l'assurance que les continents africain et européen ne sont séparés que par quelques gouttes de mer.

Source : SACEM

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Le raï « metystyle » de Tarik

Régulièrement, la sortie, hors des sentiers du marketing, d’un album de Tarik nous réconcilie avec le style, naguère sulfureux, d’Oran. En 1997, cet ancien étudiant en informatique avait frappé fort, et raflé le jackpot, en termes de ventes, en adaptant façon raï-hip hoptempo jamaïcain, avec la complicité de CC Raider, le Reggae Night de Jimmy Cliff. Plus loin, il s’est attaqué à un classique de Kool & The Gang à travers L’histoire, où raï, funk et rap rivalisent de fureur et d’entrain. Audacieux, Mohamed Belgot, dit Tarik, pousse encore plus loin les limites du genre oranais en s’aventurant dans des domaines d’ordinaire très peu investis par les Chebs : chaâbi de la médina de Barbès avec une reprise d’un morceau (Kalouli Alik Anasse) de Dahmane El Harrachi ou le francarabe personnifié par La Pitié, dont Metysstyle (Next Music) reflétait bien le contenu.
Sur sa lancée, mais sans jamais renier la gouaille et la tradition (se référer à son premier disque à succès, dédié à Cheb Hasni en 1994), le chanteur raï, qui, ces dernières années, a le plus figuré dans les compilations, persiste et signe de nombreux morceaux attestant d’un mouvement de balancier entre Orient et Occident. Si, dans son nouvel opus, Raï’Tistick (Aladin Le Musicien), on apprécie plus particulièrement les « bled music » Trig Li Ditiha et Naali Chitane, on ne dédaigne pas certains titres comme l’amusant Viens faire un tour à Barbès (featuring Koma et DJ Maze) ou même le frétillant Make Your Mind Up, interprété en duo avec Lee John d’Imagination, un groupe qui a marqué tous les esprits maghrébins à travers le hit Just An Illusion.

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Le tempo chérifien de Zahra

Il y a eu d’abord les années 1970, années de la mutation mélodique en terre chérifienne, où le groupe culte Nass El Ghiwane avait bouleversé l’échiquier musical en créant un style synthétisant tout ce que le pays comptait comme rythmes et mélodies et en remettant à l’honneur une musique populaire reléguée dans les noces et banquets. Auparavant, il y avait eu les premières formes modernes incarnées par Abdelwahab Doukkali et Abdelhadi Belkhayyat. Vinrent ensuite de nouveaux bardes comme Fayssal, Hamid Imazighène, les Frères Bouchenak, Aflak, Kamel El Oujdi et, plus récemment, Jedouane pour introduire un peu d’électricité dans la tradition. Ce cocktail détonnant leur a valu d’être portés aux nues par une jeunesse avide de danse et de nouveaux rythmes, en phase avec l’époque. Zahra, une des nouvelles coqueluches du public marocain, s’inscrit dans la continuité de cette tradition populaire, revisitée avec respect mais plus mouvementée au niveau de l’orchestration.

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La palmeraie festive de Cheb Imed

Imed est né en 1975 à El Hamma, une des oasis du Sud tunisien les plus pittoresques, renommée pour ses majestueuses palmeraies et ses eaux thermales, et proche des dunes et des plaines qui inspirent tant de poètes et de chanteurs du patrimoine. Ses choix en mélodies et rythmes du terroir ont vite attiré, sur lui, l’attention de grands noms de la chanson tunisienne ainsi que des compositeurs et des poètes très courus, comme Habib Lasoued, Souna Guissouma, Adel Adouane ou Adlene Chakroune…
Il compte, à son actif, plus de dix enregistrements, dont certains, en raison de leur ton original, ont été soutenus par le ministère de la culture. Les concerts de l’inspiré et remuant Cheb Imed constituent de véritables moments festifs tant à l’occasion de fêtes familiales qu’à travers des festivals nationaux et internationaux (Italie, Grèce, France…). Sur fond de batterie, synthé, zorna (cornemuse typique), bendir (grand tambourin circulaire), derbouka et guitare basse, il délivre un répertoire à rythme intemporel, propre au Sahara, et poésie délicatement ciselée.