Cela s’est passé le 31 janvier 2008, dans le Salon des Ambassadeurs de l’Alhambra de Grenade : la rencontre de la nouvelle révélation syrienne Waed Bouhassoun, au chant et au oud, et des frères Curro et Carlos Piñana, au chant et à la guitare flamenco.
Tout un symbole, pour lancer les festivités de Damas capitale arabe de la culture 2008 !
Née en 1979 dans un village druze du sud-ouest syrien, Waed chante et joue du oud dès l’enfance, avant de parfaire son art aux Conservatoires de Damas puis d’Alep. De sa voix tendre et vigoureuse, elle chante les amours de la princesse Wallâda bint al-Mustakfi (994-1091) et du vizir Ibn Zaydoun (1003-1070), poètes et amants mythiques de la fin du califat omeyyade en Andalousie ; elle chante aussi le plus important philosophe du soufisme, Ibn ‘Arabî, né en 1165 à Murcie… la province natale des frères Piñana, spécialistes du chant gitan de la région – « La destination du chercheur dépend de la route qu’il suit », disait le maître mystique avant de mourir en 1240 à Damas –, et reprend à son actif le répertoire de la « quatrième pyramide d’Egypte », Oum Kalsoum.
Né en 1974, Curro manie lui aussi de manière exceptionnelle la douceur et l’ardeur dans son chant, typique de la culture de sa région, Las Minas, où il a remporté divers prix de cante local ; tout comme son cadet de deux ans Carlos, à la guitare flamenca – après avoir appris le classique au Conservatoire de leur Carthagène natale. Tous deux ont le cante jondo dans les veines : ils sont les petits-fils d’Antonio Piñana, « la » référence absolue des chants de Las Minas.