Terminé
09 février10 février 2007

Chants et danses des deux rives : Flamenco et danse orientale

Il y a quelque chose de surnaturel à arpenter l’une ou l’autre rive du détroit de Gibraltar, un étrange vertige que provoque la sensation de pouvoir en allongeant le bras embrasser la terre d’en face qui tantôt se détache du ciel, tantôt se fond dans la brume comme un éternel mirage.

Point de contact entre le monde musulman et le monde latin, le détroit de Gibraltar ravive le souvenir du royaume des Maures qui s’étendit de 711 à 1492 de part et d’autre de la Méditerranée, cette Andalousie mythique où sont apparues des cultures musicales riches au croisement des influences chrétiennes, juives et arabes. Le flamenco est né de la rencontre de la musique traditionnelle andalouse et de l’art du chant des gitans venus d’Inde et autorisés à rester en Espagne. Il contient toujours le quart de ton chanté, absent de la musique occidentale, et ses gammes présentent de nombreuses similitudes avec les gammes arabes.

Le spectacle de l’ensemble Suspiro del Moro (le soupir du Maure) se construit comme un dialogue entre les deux rives. Pièces du répertoire flamenco profond et léger (jondo y chico), de l’arabo-andalou maghrébin (al-âla), du maghrébin populaire (chaâbi et aïta) de l’oriental (baladi et quoudoud) et du mauresque se croisent et inventent un territoire uni par la danse, la musique et le chant. Oud et guitare, rbâb et violon trouvent une descendance commune. Chant flamenco et chant arabo-andalou se donnent la réplique pendant que les zapateados (roulements et percussions rythmiques des pieds chaussés de talons cloutés) de Laura Clemente et les arabesques de la danseuse marocaine Rajae Dhourhi accordent leur souffle et leur rythme. Le spectacle, décliné en plusieurs tableaux, illustre tour à tour la joie, la gravité, la solitude, la sensualité… pour le plus grand plaisir de nos sens.