Terminé
08 mars 2006

Chants d’amour

Waed Bouhassoun et l'ensemble Ornina

Waed Bouhassoun fait partie d’un ensemble de musique classique arabe du conservatoire de Damas, composé exclusivement de femmes. Elle y joue du cûd. C’est à ce titre qu’elle a été engagée, l’année dernière, pour tenir un petit rôle de musicienne dans une pièce de théâtre programmée au 9e Festival de l’imaginaire. Mais ce rôle exigeait qu’elle chante un extrait de poème… Et cela a été la découverte. Cette jeune musicienne possède, sans s’en douter, un timbre de voix d’une qualité rare, comme on n’en entend plus qu’exceptionnellement, une de ces fameuses voix de la chanson arabe des années 1930. On pourrait penser à Oum Kalthoum ou à Asmahan, alors qu’en fait, bien qu’elle soit de la même ville que cette dernière, Waed (littéralement «promesse») a une voix qui ne ressemble à aucune autre. Dès que nous l’avons entendue, nous avons été quelques-uns à penser que cette jeune fille devait chanter. L’idée ne l’a pas emballée outre mesure. Au concours d’entrée du conservatoire, elle avait été recalée pour le chant : elle n’avait en effet pas une voix de chanteuse de variétés, comme celles dont raffolent les radios et les télévisions. Waed avait donc fini par se convaincre qu’elle serait joueuse de cûd.

J’ai alors eu l’idée de demander au grand joueur de cûd Muhammad Qadri Dalal de la convoquer à Alep pour une audition, afin de me donner son sentiment quant à sa voix et me dire si l’on pouvait envisager d’organiser un concert avec elle. Quelques semaines plus tard, il m’envoyait le programme d’un concert qu’il organisait pour le Festival de l’imaginaire, avec Ornina, son ensemble de musique classique arabe, et Waed en vedette. Ce programme très éclectique met en valeur la voix de cette jeune chanteuse à travers un répertoire de chants traditionnels et de grands classiques de la chanson arabe du siècle dernier. C’est ainsi qu’il a été décidé que Waed ferait ses débuts à Paris avant de commencer une tournée de concerts dans le monde arabe et que, pour cette grande première, ce concert serait programmé un soir à l’Institut du monde arabe et un autre à la Maison des cultures du monde.

C.K.

 

Virtuose du luth arabe, Muhammad Qadri Dalal a acquis sa notoriété musicale en Syrie, où il consacre l’essentiel de son temps à sa carrière. Il est le dépositaire du style du luth alépin, issu de l’école turque, à la recherche d’une sonorité veloutée et ronde. Il a cependant renouvelé le jeu en lui insufflant une conception abstraite qui cherche à décontenancer les réactions psychophysiologiques d’antan de l’auditoire, en le poussant à réagir davantage intellectuellement. On retrouve dans le jeu de Muhammad Qadri Dalal le même souci d’élégance et de recherche qui distinguait son maître Bakri al-Kurdi. Muhammad est aujourd’hui reconnu comme le plus grand luthiste syrien et, depuis la mort de Munir Bachir, comme l’un des rares à maîtriser parfaitement l’art de l’improvisation au luth.

 

Pierre Bois

 

Il a réuni autour de Waed Bouhassoun l’ensemble Ornina, composé d’un joueur de flûte nây, d’un joueur de cithare qânûn, de deux violonistes et d’un joueur de tambour sur cadre riqq. Le programme repose sur un répertoire composé principalement de chansons classiques du XXesiècle et de muwashshahât, chants arabo-andalous. Des improvisations instrumentales orneront les pièces musicales. Un concert qui permettra à l’auditoire de goûter aux joies du tarab oriental.

Dans le cadre du 10e Festival de l’Imaginaire

En partenariat avec la Maison des cultures du monde