Oasis située en plein Sahara marocain, à la jonction des oueds Ziz et Rhéris qui prennent leur source dans le Haut-Atlas, la région du Tafilalet a été onze siècles durant l’ultime étape des caravanes venues du sud. Carrefour des civilisations berbère, arabe, africaine et andalouse, la musique du Tafilalet témoigne de ce croisement des cultures, en particulier par la variété des instruments auxquels elle recourt : instruments à cordes traditionnels mais aussi luth, mandoline, violon, guitare, banjo ou encore accordéon et percussions diverses. Le genre le plus représentatif, une musique chantée appelée baldi, dit l’amour, la foi, la fête et la mémoire. Il se ramifie en trois branches principales : la première est accompagnée au luth, la deuxième s’accommode de grandes flûtes et la troisième est soutenue par la s’nitra, sorte de mandoline baptisée également " L’Algérie ", du nom de son lieu d’origine, ce pays voisin que fréquentèrent bon nombre d’hommes du Tafilalet allant travailler dans les mines de Kenadsa.
Originaire de la sous-préfecture de Rachidia, la Compagnie, fondée en 1981 et dirigée par Moulay Chérif El Hamri, est représentative du dernier style sus-cité. Bâtie autour d’une instrumentation comprenant une s’nitra, un luth et quatre percussions traditionnelles, derbouka, bendir, taarija târ (tambourin pourvu de cymbalettes), la formation interprète le meilleur de la tradition baldi. Très populaire dans le royaume chérifien, elle a participé à divers festivals locaux et compte, à son actif, une trentaine d’enregistrements audio, produits par de grands labels marocains comme Tahiri Disques ou La voix de l’Oasis.
* Album L’appel des oasis (IMA/Harmonia Mundi)