Cet ensemble réunit trois des meilleurs munshid (hymnodes) de la tariqa (confrérie religieuse) chadhiliyya : les cheikhs Abderrahman Abdel Maoula, Adnan Mouhi Eddine al-Hallaq, Moatissam Billah Asli, ainsi que trois derviches tourneurs membres de la tariqamawlawiyya. Réputés pour leur interprétation limpide et le sérieux de leur travail, ils seront pour la première fois à Paris.

À Damas, les munshid reçoivent une éducation approfondie dans l'art des maqamat, un genre littéraire arabe classique développé au X^e siècle et composé de récits courts et indépendants en prose rimée, avec des insertions de poésie. Les trois munshid ont ajouté à leur répertoire les muwashshaat, la poésie arabe strophique dans laquelle la Syrie s'est distinguée depuis des siècles, enrichissant ainsi considérablement le répertoire des diverses confréries syriennes et arabes.

La tariqa chadhiliyya est l'une des voies soufies les plus importantes du monde arabe. Elle est fondée sur l'enseignement et l'autorité spirituelle du grand mystique marocain Abu l-Hasan al-Chadhili, lequel s'installa à Alexandrie, en Égypte, d'où son enseignement rayonna sur tout l'Orient et le Maghreb. La tariqa mawlawiyya tire son nom de Mawlana Djalal al-Din al-Rumi, maître spirituel et fondateur de la confrérie. À côté du dhikr, rituel commun à tous les ordres soufis, Rumi a instauré la danse giratoire des disciples. Cet ensemble vocal est accompagné rythmiquement par deux daff (tambour sur cadre) joués par deux hymnodes.

Basé sur un thème initial chanté par tout l'ensemble, le muwashshah religieux évolue dans une forme mesurée structurée par un cycle rythmique et composée de plusieurs couplets que le soliste principal enrichit de variations improvisées et de colorations modales, dans un jeu de réponse avec le chœur. La qasida est une improvisation vocale sur un éloge en vers. Son développement mélodique est réalisé en exploration d'un maqam (mode musical) développé par étapes à travers différents modes. Au-delà de la logique musicale et stylistique, il convient de souligner le lien spirituel de tous ces chants qui sont autant d'élans d'amour vers le Divin.