Terminé
10 octobre 2014

Bienvenue dans la transe

L’ordre aissawa remonte au XVe siècle et reste encore extrêmement vivace à notre époque. Il est organisé en une multitude de tâ’ifa (communautés) ou rakb (cortèges), placés chacun sous l’autorité d’un muqaddem « délégué ». Son fondateur, Sidi Mohammed Ben Aïssa, est mort en 1526 et son tombeau, à Meknès, reçoit chaque année, au moment de la fête du Mouloud (date anniversaire de la naissance du Prophète), des milliers de pèlerins et des dizaines de tâ’ifa, venus se ressourcer et renouveler le pacte de fidélité.

Leur conception de la musique opère une distinction très nette entre mélodie et rythme. Si la première, de nature purement passive, invite l’individu à se complaire dans des spéculations imaginaires, le second est de nature active et collective. Aussi, la tarîqa (voie) aïssawa est un rituel de méditation collective rythmée, devant conduire chaque adepte de la souffrance à la délivrance, et il se déroule généralement en trois étapes, qui vont de la récitation incantatoire (hizb), à la transe (hadra), en passant par une très longue étape intermédiaire faite d’une suite de chants de remémoration dhikr, d’imploration horm et d’invocation de l’ « Unicité divine » (haddun).

La musique des Aïssawa est conforme à la conception qu’ils se font de la méditation : c’est une musique polyrythmique. Au cours de la cérémonie, par un effort rythmique d’intensité graduelle, le candidat à la transe est amené à se défaire de ses pensées, à se laisser dépouiller de ce qui fait son « moi », du conditionnement social et de la responsabilité morale qui lui en incombe pour, finalement, se fondre en un « moi » plus vaste, formé de l'ensemble des condisciples unis par le mouvement, par l’effort, par le souffle et par la voix, dans l'invocation synchronisée de la présence divine. Les Aïssawas d’Oujda perpétuent cette tradition, avec des intonations propres à la région de l’Oriental.

Un aperçu ?

Avec le soutien de la wilaya et de la mairie d'Oujda