Père de la musique de Bahrein, Muhammad bin Faris est né en 1895, dans l’île de Muharraq. Après avoir suivi un enseignement dans une école coranique, il s’initie au chant sous l’influence de son frère. Conquis par les mélodies yéménites, dites haminia, et le style sawt du Hedjaz, véhiculé par le joueur de oud mecquois Abdul Rahim al-Ussaïri, il étoffe peu à peu son propre répertoire. Les compositions qu’il crée en compagnie de quelques-uns de ses proches, réunis souvent dans un local nommé Dar al-Basra, magnifient l’art du sawt. Il forme divers disciples, dont l’enfant terrible que fut Dhabi ibn Walid, et Muhammad Zûwayid. En 1935, il enregistre une dizaine de disques qui obtiennent un succès d’estime. Il atteindra la consécration grâce à un album gravé à Bagdad, dans lequel il introduit pour la première fois le qânûn. En 1941, les Britanniques installent une station radio à Bahreïn, et bin Faris sera bien sûr au rendez-vous, à travers quelques émissions. Sa santé déclinant de plus en plus, il tient, malgré tout, à enseigner son art à quelques élèves doués comme Abdallah Ahmad. Disparu en 1947, Muhammad bin Faris a laissé près de trente enregistrements et il est encore considéré comme le maître du sawt dans toute la région du Golfe. La troupe du chanteur Khaled al-Shaer et ses camarades percussionnistes, violoniste et joueur de qanûn, porte le nom de l’illustre bin Faris afin de perpétuer le souvenir de ce personnage légendaire dont l’œuvre raffinée porte bien la signature d’un grand maître.