La aïta est d’abord un fait de société, un patrimoine allant de pair avec la tradition des cavaliers. Tour à tour, elle peut être cri de ralliement des moujahidine (défenseurs de la foi et du pays), soupir d'amour ou complainte. On la retrouve dans l'axe reliant Casablanca à Safi et elle perdure dans d'autres régions comme aux piémonts et dans les plaines de Z'aer, à Béni Mellal et au Haouz. Dans ce dernier lieu, elle subit l’influence des tribus arabes et bédouines qui cultivaient cet amour séculaire pour l'improvisation poétique, le cheval (la percussion est une imitation du trot et des salves de poudre), la fauconnerie et le chant de la aïta.
Le terme même de aïta dérive du verbe ayyat, signifiant appeler ou crier en arabe dialectal. Il y a effectivement, et même dans les aïtas profanes, pourtant parfois jugées impies et trop sulfureuses, un appel, une invocation de Dieu et des saints protecteurs. La aïta est jouée aujourd'hui par un groupe de musiciens qui accompagnent des chanteuses et danseuses professionnelles appelées chikhat (littéralement : cheftaines). A l’image de l’ensemble Ouled el Bouazzaoui qui raconte la nostalgie et les aspirations, les plaisirs comme les douleurs.