Résister par l’art ou la création artistique palestinienne en action
Débat suivi de la projection de « Hakawati » de K. Dridi et J. Gaertner
La création palestinienne puise son énergie à une histoire et à une société toutes de résistance. État des lieux de cette créativité protéiforme, qui subjugue tant par son esthétique que par sa force poétique.
Un débat organisé dans le cadre de l'exposition « Couleurs du monde. Collection du Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine », du 15 septembre au 20 décembre 2020 à l'IMA.
Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de Palestine, la création palestinienne porte la marque vitale de l’attachement à la terre et à ses origines fécondes de miel, de lait et de sang. Musique, cinéma, arts plastiques, etc., deviennent ainsi un travail continu et inlassable sur le mémoriel et contre l’oubli.
Cette rencontre accompagne l’exposition « Couleurs du monde. Collection du Musée d’art moderne et contemporain de la Palestine », Soit une cinquantaine des œuvres du XXe siècle, toutes données par des artistes et actuellement conservées à l’IMA, qui ont vocation à constituer le fonds de ce futur musée.
Avec :
- Ramzi Aburedwan. L’itinéraire de Ramzi Aburedwan n’est pas banal. Son parcours singulier a fait l’objet d’un livre écrit par le journaliste américain Sandy Tolan, Le Pouvoir de la musique. Une enfance entre pierres et violon en Palestine, paru aux éditions Riveneuve. Cet artiste palestinien a passé son enfance dans le camp de réfugiés d’Al Amari à Ramallah. La première Intifada (1987-1992), la violence et l’occupation israéliennes ont fortement marqué son enfance et son adolescence. A 16 ans il participe à un atelier de musique – cette expérience changera sa vie. Après avoir étudié la musique au conservatoire Edward Saïd de Ramallah, il obtient en 1998 une bourse d’études qui lui permet d’étudier l’alto au conservatoire d’Angers. Il obtient son diplôme d’Études musicales en alto et musique de chambre et rencontre d’autres étudiants avec lesquels il crée, en 2000, l’Ensemble Dal’Ouna, dédié à la musique et à la cause palestiniennes. Aujourd’hui, la carrière de Ramzi est consacrée à de nombreux projets. Il est membre et fondateur de l’Ensemble national de Musiques arabes de Palestine (ENMAP), de l’Ensemble Jérusalem Soufi, du projet Al Manara, ainsi que compositeur et arrangeur (notamment pour le spectacle d’ouverture des Musiques Sacrées de Fès au Maroc depuis plusieurs années). Parallèlement, son profond engagement et son humanité l’ont conduit à créer en 2005 l’association Al Kamandjâti, dont le but est de créer des écoles de musique pour les enfants palestiniens, en particulier les plus vulnérables, et pour la plupart issus des camps de réfugiés.
- Hani Zurob, né dans le camp de Rafah, à Gaza, en 1976. À partir de 1994, il vit à Naplouse, où il a intégré l’université nationale An-Najah ; il y obtient une licence en arts plastiques en 1999. L’année suivante, il est à Jénine, où il enseigne l’art, avant de s’installer à Ramallah, de 2001 à 2006, pour y poursuivre sa carrière artistique ; cette période marque un tournant dans sa vie. En 2002, il est sélectionné parmi les dix finalistes du Young Artist of the Year Award décerné par la Fondation A.M. Qattan. En 2006, il part pour la France après avoir reçu une bourse de résidence à la Cité internationale des arts à Paris. N’ayant pu retourner dans la Palestine occupée, il vit et travaille désormais à Paris ;
- Ula Tabari, actrice et réalisatrice de films indépendants. Née à Nazareth en Israël en 1970, elle a collaboré avec des producteurs et réalisateurs internationaux tels que Steven Spielberg, Olivier Assayas, Elie Sleiman, Michel Khleifi, Eyal Sivan ou encore Hiam Abbas. En 2015, elle joue dans La Belle Promise de Suha Arraf.
Débat animé par Houda IBRAHIM, journaliste et critique de cinéma pour Radio France Internationale (RFI), basée à Paris. Depuis une trentaine d’années, elle accompagne et encourage la création artistique et cinématographique arabe à travers ses écrits et ses programmes radiophoniques dédiés au cinéma et à la culture.
Débat suivi de la projection du film documentaire Hakawati, de Karim Dridi et Julien Gaertner
Malgré les réticences de leurs enfants, Radi et Mounira, couple de marionnettistes de 65 ans, partent pour leur dernière tournée entre Israël et Palestine à bord de leur camionnette d’un autre âge. Le couple est exténué de devoir monter et démonter la scène, jouer trois spectacles à la suite devant des centaines d’enfants déchaînés et sous un ciel brûlant. Les marionnettes sont trop lourdes pour les mains de Mounira et Radi oublie de plus en plus ses dialogues. Doivent-ils faire demi-tour et arrêter leur tournée après quarante ans sur les routes ? La question se pose au fur et à mesure de leur voyage.
Du désert du Nakab aux frontières du Liban et de la Syrie, des collines de Galilée à Ramallah et aux camps de réfugiés de Cisjordanie, le doute s’installe au sein du couple. Perdus dans Jéricho, effrayés par les bombes qui tombent près de Majd Al Shams, déstabilisés par les enfants bédouins du Néguev incapables de déterminer leur propre identité, les marionnettistes ne savent plus si leur mission est encore pertinente. Sauvegarder l’identité de leur peuple à travers leurs spectacles, mais à quel prix ? Leur engagement vaut-il qu’ils y sacrifient leur santé, voire leur amour ? Une quête de l’identité palestinienne.