Terminé
15 novembre 2012

Invité du trimestre : Eric Fassin

Dans les années 2000, la géopolitique du « conflit des civilisations » est reformulée en termes de genre et de sexualité. Ainsi, après le 11 septembre, l’émancipation des femmes justifie l’invasion de l’Afghanistan. En Europe, cette rhétorique est au cœur des politiques d’immigration et d’identité nationale. Les « autres », supposés sexistes et homophobes, ce sont les immigrés ou leurs enfants, les Noirs ou les musulmans. Mais tracer une frontière entre « eux » et « nous » en invoquant l’égalité des sexes et la liberté sexuelle, c’est se soustraire à l’accusation de racisme ou de xénophobie. Comment échapper à cette instrumentalisation sans renoncer aux idéaux de la « démocratie sexuelle » ?

Éric Fassin, professeur à Paris 8, est chercheur à l’Iris (CNRS). Sociologue engagé, il travaille sur la politisation des questions sexuelles et raciales et leurs croisements en matière de politique d’immigration et d’identité nationale. Co-auteur des quatre volumes sur la politique d’immigration par le collectif Cette France-là (2009, 2010, 2012), il a récemment publié Démocratie précaire. Chroniques de la déraison d’État (La Découverte, 2012).