Il y a un an débutait au Soudan un conflit armé d'une exceptionnelle violence : il a fait des dizaines de milliers de victimes, provoqué le déplacement de millions de personnes et provoqué une crise de la faim majeure. Cette guerre est pourtant peu évoquée dans les médias occidentaux. Quels en sont les enjeux géopolitiques ? Quelles perspective de sortie de crise ?
Soudan, une guerre oubliée ?
Il y a un an débutait au Soudan un conflit armé d'une exceptionnelle violence. Depuis le 15 avril 2023, le pays est déchiré entre l'armée régulière du général al-Burhan et les Forces de soutien rapide du général Hemetti.
Le pays est en proie à une crise humanitaire sans précédent : massacres, familes, pillages et déplacements de populations font désormais partie du quotidien des Soudanais. L'ONU rapporte qu'en un an, 10000 à 15000 personnes ont été tuées au Darfour, où les violences à caractère ethnique s'intensifient.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), le Soudan risque « la pire crise de la faim au monde », en plus de connaître la plus grande crise de déplacement au monde (8 millions de déplacés selon l'ONU).
Un an après le début de cette guerre peu évoquée dans les médias occidentaux, quelle est la situation au Soudan ? Quels en sont les enjeux géopolitiques ? Quelles perspectives de sortie de crise pour ce conflit qui s'enlise ?
Avec :
- Aroob Alfaki : doctorante à l'Université de Paris 8 (LAVUE/ALTIER). Elle est également assistante d'enseignement au département d'anthropologie sociale de l'université de Khartoum, au Soudan. Ses recherches portent sur la manière dont les pics révolutionnaires et les transitions démocratiques sont influencés par des paramètres socioculturels. Elle étudie la manière dont ces processus sont influencés par les inégalités socio-économiques qui se reflètent dans les relations entre les sexes, les classes sociales et les ethnies. Ses anciens projets de recherche ont également mis en lumière les relations entre le développement et les pratiques socioculturelles dans le contexte rural soudanais, en accordant une attention particulière à l'action locale dans les régions de Sennar et de Gezira. Elle est également membre de diverses initiatives locales de femmes soudanaises qui défendent les droits des femmes et des filles et documentent les violations commises à l'encontre des femmes.
- Barbara Casciarri : Professeur en Anthropologie à l’Université Paris 8 Saint-Denis (Département de Sociologie et d’Anthropologie), membre du LAVUE (Laboratoire Architecture Ville Urbanisme Environnement – UMR Cnrs 7218) et chercheur associé au CEDEJ (Centre d’Etudes et de Documentation Economique et Juridique). Par des approches d’anthropologie politique, économique et de l’environnement, elle mène ses recherches au Soudan depuis 1989, principalement sur les sociétés de pasteurs nomades et, plus récemment, en contexte urbain (quartiers populaires de Khartoum).
- Claire Nicolet : Titulaire d’un master en pratique humanitaire, Claire Nicolet travaille depuis 11 ans à MSF sur le terrain : Afghanistan, DRC, Iraq, Soudan du Sud, Tchad, Yemen entre autres, et désormais au siège à la cellule des urgences en charge du Soudan et de l’Est du Tchad.
Rencontre modérée par Benjamin Barthe, journaliste, spécialiste du Proche-Orient, chef adjoint du service international du quotidien le Monde. Benjamin Barthe a été le correspondant Moyen-Orient de ce journal, à Beyrouth, entre 2014 et 2021. Il a reçu le prix Albert Londres en 2008 pour une série d'articles sur la bande de Gaza. Il est l'auteur de Palestine, une nation en morceaux (Editions du Cygne, 2009) et de Ramallah Dream (La Découverte, 2011).