
La guerre déclenchée après le 7 octobre 2023 s’inscrit dans une continuité qui n’implique pas seulement la bande de Gaza mais également le reste de la Palestine historique ainsi que les sociétés alentour. De quoi la guerre actuelle est-elle le nom ? Quels processus et quelles logiques, poussés à leur terme, sont-ils à l’œuvre dans les massacres en cours ? Rencontre avec Stéphanie Latte Abdallah et Véronique Bontemps, codirectrices de Gaza, une guerre coloniale, qui vient de paraître chez Actes Sud.

Stéphanie Latte Abdallah et Véronique Bontemps (dir.), Gaza, une guerre coloniale, Actes Sud, 320 p., 23€
Alliant analyse politique et perspectives juridiques à des approches socio-anthropologiques, Gaza, une guerre coloniale s’attache à comprendre une histoire en train de se faire. Il tente d’en déceler les ruptures et les continuités en les inscrivant parfois dans le long terme. Les contributions portent d’abord sur les protagonistes d’une guerre qui se joue aussi sur le plan des narrations et des images, avant de traiter de ses conséquences humaines, sociales, économiques et patrimoniales, puis des vécus quotidiens, individuels et collectifs, des populations civiles concernées, enfin des perceptions et des enjeux régionaux et internationaux, y compris dans le domaine juridique.
Avec :
- Stéphanie Latte Abdallah, historienne et anthropologue du politique, chercheure au CNRS (CéSor-EHESS), spécialiste du Moyen-Orient et des sociétés arabes. Attachée à développer des écritures alternatives en sciences sociales, elle a notamment coréalisé le film documentaire (avec E. Ahmad) Inner Mapping (Palestine, France, 51', 2017). Récemment ses recherches ont surtout porté sur les frontières, la carcéralité et la prison en Palestine/Israël. Ses travaux en cours s’intéressent aux mobilisations citoyennes émergentes liées aux économies alternatives, à l'autonomie, à l'écologie et aux utopies concrètes en Palestine, au Liban et plus largement au Moyen-Orient. Elle coordonne le programme de recherche ANR IMAGIN-E (Alter-Citoyens au Moyen-Orient. Inventer les résistances en temps de violence) (2022-2025). Derniers ouvrages parus : La Toile carcérale. Une histoire de l’enfermement en Palestine (Bayard 2021) et Des morts en guerre. Rétention des corps et figures du martyr en Palestine (Karthala 2022).
- Véronique Bontemps, anthropologue et chargée de recherche au CNRS. Son travail de thèse a porté sur les représentations et pratiques du patrimoine en Palestine, à travers une ethnographie des anciennes savonneries de Naplouse. Ses travaux relèvent de l’anthropologie des sociétés palestiniennes contemporaines au Moyen-Orient, à travers trois thèmes principaux : les frontières et les inégalités, les sociétés urbaines et les expériences de la maladie.