Deux cantatrices arabes sont devenues des mythes de leur vivant, l’Égyptienne Umm Kulthum (1900-1975) et la Libanaise Fayrouz (1934-). Si l’amour de la Nation tient une part dans leur production chantée, elles l’expriment cependant de façons différentes — l’écart générationnel, l’influence de son fils Ziad Rahbani et la nature libérale de son pays natal permet à Fayrouz d’adopter un patriotisme plus nuancé. Toutes deux traversent le XXe siècle et ses crises : à la suite de la défaite arabe de 1967, Umm Kulthum entame une tournée de l’Effort de Guerre dont la première étape est Paris, où elle est reçue en héroïne. Le concert de Fayrouz sur la Place des Canons en 1994 marque culturellement la fin de la guerre civile et ouvre une parenthèse d’espoir.  
Mais l’héroïsme des artistes est-il simplement une affaire de positionnement public et de textes entrant en communion avec la vibration populaire, ou est-il aussi lié à leur génie interprétatif et à leur capacité à incarner l’identité nationale en texte et musique ?

Cette conférence est rythmée par des extraits des chansons des deux divas. 

Par :  

• Frédéric Lagrange, professeur de littérature arabe à Sorbonne Université et directeur du CEDEJ (Caire)