La lame de fond qui a touché les régimes autoritaires en Tunisie, en Egypte et au Yémen n’a pas profondément affecté les états du Golfe ; certes des mouvements se sont exprimés ici et là, notamment à Bahreïn, mais n’ont jamais pris la forme d’une véritable révolte. Cette situation ne s’explique pas seulement par la richesse de ces pays, mais également par une consolidation autoritaire interne, relayée par une assistance militaire occidentale, notamment américaine. Il reste que «derrière leur force de frappe financière couve, en effet, le dérèglement d’un modèle économique rentier, dont les prémices sont perceptibles dans les crises énergétique, de l’emploi et fiscale auxquelles ils font face» écrit Hugo Micheron.
Dans ce contexte, les timides tentatives réformistes entreprises par certains d’entre eux, cachent mal les maux dont souffrent ces pays : manque de multipartisme, emprise de la référence religieuse, marginalisation de la société civile, manque de liberté d’expression, etc ;
aussi, ces sociétés sont-elles aujourd’hui traversées d’une manière souterraine par des courants porteurs de changement et de relève.
Avec :
Nabil Ennasri, doctorant, auteur de L’énigme du Qatar (éd. IRIS, Mars 2013) et Qatar (éd. De Boeck, octobre 2013).
Laurence Louer est arabisante et docteur en science politique de Sciences Po Paris. Principales publications : Chiisme et politique et Moyen-Orient. Iran, Irak, Liban, monarchies du Golfe (Autrement, 2008), Les enjeux des réformes des politiques de l’emploi dans les monarchies du Golfe (Les études du CERI, 2012).
Karim Sader, politologue et spécialiste des pays du Golfe. Il publie Géopolitique des pays du Golfe.