09 janvier 2025

Ces mémoires que la guerre efface

Cycle 1. Janvier : Reconstruire les mémoires

Le Liban est une sorte de « pays témoin » où toutes les mémoires s’entrechoquent – celle de l'histoire et des civilisations qui l'ont traversé, celle de la guerre civile qui l’a meurtri – dessinant l'héritage d'un patrimoine libanais hybride, d'une histoire nationale contrariée, et de mémoires plurielles. Paradoxales parfois. L’histoire du pays se raconte souvent par celle de sa capitale, Beyrouth. Ailleurs, les mémoires de régions comme la Bekaa sont marquées par la proximité avec la Syrie et la marginalisation de populations issues des masses laborieuses. 

Le sud du Liban, encore, est marqué dans sa chair par l'occupation israélienne et sa condition de marge délaissée par l'État central. Un fait commun a toutefois menacé ces mémoires : la guerre qui a frappé le pays le 8 octobre 2023. Interroger le fait mémoriel dans la guerre, c'est alors se poser plusieurs questions : quel patrimoine et quelle mémoire ont été détruits ? L'expérience différenciée de la guerre a-t-elle encore plus divisé les récits au Liban ? Comment reconstruire une mémoire après une guerre qui les efface ?

Avec :

  • Caecilia Pieri est chercheuse associée à l'Ifpo-Institut français du Proche-Orient, dont elle a dirigé à Beyrouth l'Observatoire Urbain (2011-2015). Elle est titulaire d'un doctorat sur l'évolution urbaine en Irak au XXe siècle et son travail porte plus particulièrement sur les patrimoines bâtis  des terrains en situation de post-conflit au Proche et Moyen-Orient. Elle a notamment dirigé le programme scientifique "Patrimoines en guerre autour de la Méditerranée (2016-2018)" portant sur la Bosnie, l'Égypte, le Liban, l'Algérie, la Turquie, l'Irak et la Palestine.
  • Rima El Husseini, « gardienne de l’hôtel Palmyra », est avocate, politologue et médiatrice. Elle a travaillé comme consultante lors des négociations visant à mettre fin à la guerre civile libanaise. Cela lui a permis de développer les outils nécessaires à la négociation politique et à la communication interculturelle. Elle a poursuivi cette démarche dans différentes communautés (femmes à Baalbeck, réfugiés syriens). Aujourd'hui, elle dirige une ONG locale d'assistance juridique à Baalbeck. Elle a également traduit plusieurs livres sur le genre en arabe.
  • Carmen Hassoun Abou Jaoudé est politologue, chercheuse associée au Centre d'études sur le monde arabe moderne et enseignante de justice transitionnelle à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth. Elle est depuis 2020 membre de la Commission nationale pour les disparus et les disparitions forcées au Liban.

Modéré par Amélie Zaccour, journaliste franco-libanaise, spécialisée dans le Moyen-Orient. Elle a vécu 7 ans à Beyrouth et travaille à L’Orient-Le-Jour. Ces dernières années, elle a travaillé sur les monarchies du Golfe, en particulier l’Arabie Saoudite. Elle a récemment couvert les événements en Syrie.

Pour en savoir plus, nous vous proposons la lecture en libre accès du film The Soil and the Sea réalisé par Daniele Rugo :