La majeure partie de l'exposition est extraite du reportage "Une route chez les Maures".
" Au nord de la Mauritanie, une fameuse piste reliait Nouakchott, sa capitale, à la frontière sud de l’ancien Sahara espagnol. 470 Kms d’un désert qui ne se traversait qu’accompagné de guides Maures, nomades de père en fils. Qualifiée de "stratégique", la nouvelle route Nationale 3 remplace cette piste et constitue le dernier tronçon de la "Transsaharienne". De Tanger à Lagos, via le Sénégal, cette route fait la jonction entre l'Europe et l'Afrique.
C’est l’appel de ces dernières traversées du désert par le sable avec des routards expérimentés ainsi que l’envie d’immortaliser la magie de cet itinéraire qui ont justifié mon premier voyage. Une aventure humaine aux allures de "road movie". Guides, mécanos et pilotes, les maures seuls étaient capables de faire passer camions de marchandises et vieilles voitures non équipées pour le désert. Ces dernières, sans cesse réparées par les uns et les autres, ont été nos compagnes de voyages ; elles ont été l’écran à travers lequel j’ai vu défiler le film de ces paysages… "
J.Buchholtz
En complément sont présentés trois séries photographiques " Tempus Fugit ", réalisées au cours de ces voyages.
" Nous courons tous après le temps, cette présence insaisissable. Et nous passons notre vie à lui rendre des comptes. Jérémie Buchholtz aime jouer avec, pour mieux l'apprivoiser dans ses images. Chez ce reporter voyageur, Tempus fugit – " la fuite du temps " – est un sillon plus secret qu'il creuse depuis plusieurs années. […]
Tempus fugit s'organise en séries. Chacune nous montre des espaces avant des êtres. À quelques mètres, une mosaïque de petits écrans colorés semble décomposer la lumière en longs panoramiques. Le cadre reste fixe, placé à distance, dans une perspective frontale ou plongeante. En se rapprochant, la magie de miniatures s'offre à la vue. De loin, de près, nous y sommes. Toujours balancés dans nos existences entre ces deux échelles, toujours pressés par ce qui nous dépasse. […]
Quand il installe son appareil devant la grande mosquée de Djenné, au Mali, en pays dogon, Jérémie Buchholtz nous fait partager la même pensée. Sous les hautes tours à degrés de ce monument poétique, digne d'un conte des mille et une nuits, se déploie l'architecture dense d'un marché où l'on devine l'agitation, les cris, les rituels qui l'orchestrent sous son apparence désordonnée. Jusqu'à ce que la nuit vienne tout avaler.
Chaque année la saison des pluies ravit à l'édifice des couches de son épiderme en terre crue, qu'il faut ensuite rebâtir. Éternel recommencement qui lie les activités humaines aux grands cycles naturels.
S'immerger dans un endroit, révéler son âme comme si l'on exécutait son portrait. Montrer ce que l'on ne verra jamais en passant, ce qui échappe, dans les lignes de fuite, les marges, le hors champ. De la vie nous n'avons que des aperçus, confie Jérémie Buchholtz, opérateur du temps à l'œuvre."
Benoît Hermet
Photographe indépendant, Jérémie Buchholtz vit et travaille entre Bordeaux et Paris.
Il a d'abord étudié l’histoire de l’art et les arts plastiques à l'université puis la photographie et son histoire.
En parallèle à ses travaux personnels, ses commandes sont essentiellement des reportages pour l'édition, l'exposition et la presse spécialisée, sur les thèmes des hommes et de leur environnement, du patrimoine, de l'architecture, de l'urbanisme et de l'art contemporain.
Pour en savoir plus :
www.buchholtz-photo.com