Portrait de l'Oiseau-Qui-N'Existe-Pas
Une sélection d'œuvres de la Donation Claude & France Lemand
Une sélection prélevée au sein des 132 œuvres de la collection « Portrait de l'Oiseau-Qui-N'Existe-Pas » commandée par Claude Lemand à 19 artistes différents, une « volière » inspirée par celles de son beau-père Claude Aveline.
Trois volières pour un poète
Grande personnalité de la vie littéraire et artistique parisienne, Claude Aveline (1901-1992) écrit en 1950 un poème qu'il intitule « Portrait de l'Oiseau-Qui-N'Existe-Pas », en habillage d’un oiseau qu’il avait au préalable dessiné avec des crayons de couleur. Il demande par la suite à des artistes d’en faire le portrait « au gré de leur fantaisie ». Entre 1956 et 1963, il constitue une première « volière », puis une seconde entre 1978 et 1982.
France Grésy-Aveline, petite-fille du poète, épouse en 1977 Claude Lemand, qui a l’idée de commander une troisième volière. Il sollicite cette fois non plus une œuvre unique, mais plusieurs à une vingtaine d’artistes seulement, sans contrainte de format ni de support. C’est une sélection prélevée dans cette troisième volière que présente l’exposition.
Portrait de l’Oiseau-Qui-N’Existe-Pas
Voici le portrait de l'Oiseau-Qui-N'Existe-Pas.
Ce n'est pas sa faute si le Bon Dieu qui a tout fait a oublié de le faire.
Il ressemble à beaucoup d'oiseaux, parce que les bêtes qui n'existent pas
ressemblent à celles qui existent.
Mais celles qui n'existent pas n'ont pas de nom.
Et voilà pourquoi cet oiseau s'appelle l'Oiseau-Qui-N'Existe-Pas.
Et pourquoi il est si triste.
Il dort peut-être, ou il attend qu'on lui permette d'exister.
Il voudrait savoir s'il peut ouvrir le bec, s'il a des ailes, s'il est capable de
plonger dans l'eau sans perdre ses couleurs, comme un vrai oiseau.
Il voudrait s'entendre chanter.
Il voudrait avoir peur de mourir un jour.
Il voudrait faire des petits oiseaux très laids, très vivants.
Le rêve d'un oiseau-qui-n'existe-pas, c'est de ne plus être un rêve. Personne n'est jamais content.
Et comment voulez-vous que le monde puisse aller bien dans ces conditions ?
Claude Aveline, Paris, 1950