Remise du Prix France-Liban 2024
Rencontre avec les auteur(e)s sélectionné(e)s et le lauréat
Le Prix France-Liban est un prix littéraire décerné par l’Association des écrivains de langue française (ADELF) depuis 1980. Il distingue chaque année un écrivain libanais d’expression française ou un écrivain français dont le sujet de l’ouvrage porte sur le Liban.
Avec :
- Arielle Meyer MacLeod, Vues d’intérieur après destruction (Arléa, 2024)
Après une formation de comédienne à l’École de la Rue Blanche à Paris, Arielle Meyer MacLeod poursuit des études de lettres à l’Université de Genève où elle obtient un doctorat en 1999. Elle enseigne aux universités de Genève et Lausanne avant de revenir vers le théâtre par le biais de la dramaturgie en devenant, notamment, collaboratrice artistique et chargée de programmation de la Comédie de Genève.
Outre de nombreux articles, elle a publié Le Spectacle du secret (Droz, 2003) et Tourner la page (avec Balzac) chez Zoé en 2014.
Arielle Meyer MacLeod vit et travaille à Genève. Vues d’intérieur après destruction est son deuxième roman.
- Yves Michaud, Etel Adnan, Les anges, le brouillard, le Palais de la nuit (Gallimard, 2023)
Etel Adnan (1925-2021) a connu sur le tard une reconnaissance qui ne cessera de grandir. Vivant tour à tour dans plusieurs pays (Liban, France, États-Unis, Grèce, etc.), écrivant en français et en américain, poète, peintre et philosophe, elle n'a jamais cherché la célébrité, mais voulait simplement « vivre en poète ».
Figure fascinante, conteuse orientale, elle rayonnait d'intelligence, de culture et de sensibilité.
Cette personnalité, que l'auteur a eu le bonheur de fréquenter ne doit surtout pas faire oublier l'œuvre : un œuvre peint et dessiné exceptionnel et un œuvre écrit qui la situe parmi les très grands poètes de la seconde moitié du XXᵉ et du début du XXIᵉ siècle.
Etel Adnan : Les anges, le brouillard, le Palais de la nuit suit la symphonie des thèmes de l'œuvre : déplacement, engagement, philosophie des éléments et de l'espace, rêves de l'intersidéral, rythmes du monde, anges appelant à l'évasion, ouverture intégrale au présent.
Yves Michaud est philosophe. D’Etel Adnan, il présente également l’édition de l’anthologie poétique 1947 – 1997 qui paraît conjointement dans la collection « Poésie/Gallimard ». Il est également l’auteur chez Gallimard de Violence et politique coll. Les Essais, 1978, rééd. NRF Essais, 2005, Face à la classe. Sur quelques manières d'enseigner (avec Sébastien Clerc), Folio actuel 2010, Qu’est-ce que le mérite ?, Folio essais 2011 (1re éd. François Bourin, 2009).
- Emmanuel Villin, Kim Philby et moi, (Stock, 2024)
Emmanuel Villin est né en 1976. Ancien journaliste au Proche-Orient, il vit aujourd’hui à Paris. Il est l’auteur de Sporting club (Asphalte, 2016), Microfilm (Asphalte, 2018) et La fugue thérémine (Asphalte, 2022), ainsi que de livres pour la jeunesse à L’école des loisirs.
Dans Kim Philby et moi, roman drôle et hanté, un espion contrarié rêve à partir de cartes et de photos d’un pays, d’une époque. Désespéré de se lancer dans une grande aventure, le narrateur s’installe dans la capitale libanaise pour y suivre les traces de Kim Philby. De 1956 à 1963, l’ex-agent du MI6 y a passé des années dont on sait peu de choses sinon qu’elles ont abouti à sa fuite pour l’URSS, point culminant du plus gros scandale d’espionnage du siècle. porté par une langue à la fois retenue et sensible, d’une grande justesse, Emmanuel Villin nous invite au voyage, au Proche-Orient, mais aussi à la quête intérieure. Il interroge les mythes sur lesquels se fondent nos romans familiaux et l’histoire de nos origines.
- Maroun Eddé, La Destruction de l’état (Bouquins, 2023)
Depuis les années 1990, un désengagement massif et mûrement calculé de l’État s’opère en France au nom d’un gain d’efficacité et d’une réduction des dépenses publiques. Trente ans plus tard, la France paie au prix fort ces prétendues politiques de modernisation. L’école et l’hôpital publics sont à bout de souffle. Les tribunaux et les forces de l’ordre croulent sous le poids d’une bureaucratie nouvelle. D’importants fleurons industriels ont été vendus à des intérêts étrangers. La fonction publique a perdu son attractivité, tandis que le pouvoir politique se concentre désormais entre les mains d’une minorité qui peine de plus en plus à gouverner. Quelques années auront suffi pour fragiliser des institutions que nous avons mis des siècles à bâtir. Pourtant, le démantèlement s’accélère encore. Les dépenses publiques ne cessent d’augmenter, contraignant les Français à payer toujours plus cher des services de moins bonne qualité.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Où va désormais l’argent public ? Qu’est-ce qui peut conduire un pays à sacrifier ses propres atouts et au bénéfice de qui ? Dans cet essai captivant et rigoureux, fruit de plus de deux ans d’enquêtes au cœur de l’appareil d’État et de témoignages recueillis en première ligne, le jeune essayiste Maroun Eddé révèle la face cachée des décisions politiques qui ont conduit à affaiblir nos services publics, accélérer l’impuissance administrative et mettre en péril notre souveraineté économique. Derrière les objectifs affichés, une même idéologie, qui a infiltré jusqu’aux sommets de l’État et dont il est urgent de se libérer.
Lauréat - Marwan Chahine, Beyrouth, 13 avril 1975, autopsie d’une étincelle (Belfond, 2024)
A Beyrouth, le 13 avril 1975, un bus transportant des Palestiniens est pris pour cible par des hommes armés marquant ainsi le début de la guerre du Liban... Si l'événement est connu de tous, personne ne sait ce qui s'est réellement passé ce jour-là. Était-ce une opération planifiée ? Un acte de représailles ? Un incident fortuit ? Les rumeurs sont nombreuses, les légendes tenaces. De retour dans le pays de son père, le journaliste Marwan Chahine se met à enquêter sur cette affaire aussi taboue que sulfureuse. Malgré la culture du silence et l'amnésie générale, il va retrouver, un à un, les protagonistes du drame et parvenir à rassembler les innombrables pièces de ce puzzle tragique où la réalité dépasse bien souvent la fiction.
À la croisée du récit journalistique, de l'essai historique et du thriller, Beyrouth, 13 avril 1975 est aussi une quête personnelle et le portrait poignant d'un pays hanté par les fantômes. Avec en toile de fond cette question plus que jamais d'actualité : comment raconter nos histoires ?
Modération:
- Georgia Makhlouf, journaliste, critique littéraire et écrivaine, vit entre Paris et Beyrouth. Elle est membre du comité éditorial et correspondante à Paris de L’Orient Littéraire. Responsable depuis 2016 du Prix France-Liban de l’ADELF (Association des Écrivains de langue Française), elle est également présidente de Kitabat, l’association libanaise pour le développement des ateliers d’écriture. Membre actif d’Assabil, association libanaise en charge d’un réseau de bibliothèques publiques, elle a mis en place un Prix de littérature jeunesse en langue arabe en collaboration avec cette association et la Fondation Boghossian et lancé en 2021 une publication jeunesse destinée à favoriser un rapport d’apprentissage ludique de la langue arabe. En 2022, elle a rejoint le Parlement des Écrivaines Francophones. Elle a obtenu plusieurs prix littéraires dont les Prix Senghor et Ulysse pour son premier roman « Les Absents » (Rivages, 2014). Ses derniers ouvrages publiés sont « Le goût du Liban » (Mercure de France, 2021) et « Port-au-Prince : aller, retour » (La Cheminante, 2019), finaliste du Prix de Littérature Arabe de l’IMA. Son nouveau roman « Pays amer » paraîtra aux Presses de la Cité en janvier 2025.
- Albert Dichy
Né à Beyrouth en 1952, Albert Dichy vit à Paris depuis 1975. Directeur littéraire de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine, il est spécialiste de l’œuvre de Jean Genet, coéditeur dans la « Bibliothèque de la Pléiade » des œuvres complètes du poète. Il a participé également à la grande biographie de référence de Jean Genet, que l’on doit à Edmund White, et il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles, dont : Jean Genet, essai de chronologie (blfc de l’Université de Paris VII, 1998), La Bataille des Paravents (IMEC, 1991) et L’Ennemi déclaré (Gallimard, 1991), une édition critique des textes politiques de Genet. Il est aussi coauteur, en 1991 et 1992, d’un film documentaire en deux parties : Jean Genet, le vagabond (1991) et Jean Genet, l’écrivain (INA et la Sept).