Albert Camus et l'Algérie coloniale
Organisé par Catherine Brun, Christian Phéline, Agnès Spiquel
« Le temps des colonialismes est fini, il faut […] en tirer les conséquences. » Albert Camus, Avant-propos, Chroniques algériennes (1958)
Alors qu’un certain unanimisme médiatique réduit le legs de Camus à une fade pensée du juste milieu exposée à toutes les récupérations, un vif débat intellectuel se poursuit, en particulier sur le rapport de l’écrivain à l’Algérie coloniale, dont il est natif et qui a inspiré toute une part de son œuvre et de ses interventions.
Pour ne perpétuer ni une célébration hagiographique, ni des dénonciations purement idéologiques, ce colloque propose de revenir à la réalité des représentations et combats de l’écrivain. On ne méconnaîtra ni le statut différencié des textes – fictions, essais, enquêtes et articles – ni les conjonctures précises des débats engagés (seconde moitié des années 1930, immédiat après-guerre ou après-1954).
Cette relecture historiquement mieux informée visera à resituer, au regard de l’objectif anticolonial à ces diverses étapes, la portée et les limites des positions de Camus : pour l’égalité des droits et la liberté d’expression; contre la torture et les exécutions capitales; contre toute violence à l’égard des victimes civiles ; pour la place des minorités dans toute Algérie future; en faveur du principe de l’autodétermination. Sera aussi évaluée la place de la pensée et de l’œuvre de l’écrivain face aux intellectuels, de son temps et jusqu’à nos jours, sur les scènes tant française qu’anglo-saxonne ou algérienne.
Comité scientifique : Amina Bekkat, André Benhaïm, Catherine Brun, Madeleine Dobie, Sarra Grira, Martine Job, Hiroshi Mino, Christian Phéline, Anne Prouteau, Pierre-Louis Rey, Agnès Spiquel, Marie-Pierre Ulloa.
Programme du mardi 18 mars
9h : Accueil
9h15 : Ouverture par Jack Lang (Institut du Monde Arabe), Daniel Mouchard (Président Université Sorbonne Nouvelle) et Capucine Boidin-Caravias (Vice-présidente recherche Université Sorbonne Nouvelle), Anne Prouteau (Présidente de la Société des Études Camusiennes)
9h35 : Présentation du colloque, Catherine Brun (USN/THALIM)
- Matinée
SESSION 1 : Une lutte anticoloniale et ses limites
Où, du Front populaire à la Libération et des massacres de 1945 à l’ouverture de la lutte armée, l’on examinera les prises de position de Camus, sans méconnaître la configuration changeante des forces en présence et du débat politique algérien.
Présidence : Pierre-Louis Rey (USN)
9h45 – 10h05 : Philippe Vanney (Univ. Dokkyo), La fin de l’Algérie coloniale : les grands choix d’Albert Camus
10h05 – 10h10 : Lecture
10h10 – 10h30 : Michelle Selles-Lefranc (IMAf/EHESS), L’enquête en Kabylie d’Albert Camus : du « témoignage sans réserves » d’Algerrépublicain (1939) à Chroniques algériennes (1958)
10h30 – 10h50 : Discussion
11h05 – 11h25 : Jean-Pierre Peyroulou (Esprit/docteur EHESS), Camus et les questions coloniales, de 1945 à 1955
11h25 – 11h45 : Sarra Grira (Rédactrice en chef d'Orient XXI), Albert Camus et la postérité de la gauche réformiste
11h45 – 12h05 : Catherine Brun (USN/THALIM), Chroniques algériennes : un recueil au cœur des malentendus
12h05 – 12h10 : Lecture
12h10 – 12h30 : Discussion
- Après-midi
SESSION 2 : Une pensée « dans l'histoire et la géographie »
Où l’on explorera dans quelle mesure l’idéal grec ou l’horizon méditerranéen ont pu, à rebours du modèle impérial romain, être invoqués pour penser un dépassement du clivage colonial.
Présidence : Franck Planeille (RMAC/Lourmarin)
14h – 14h20 : André Benhaïm (Princeton), L’homme aux mille tours. Camus entre Ithaque et Alger
14h20 – 14h25 : Lecture
14h25 – 14h45 : Alain Messaoudi (CRHIA, Univ. Nantes), Versions du mythe méditerranéen : Albert Camus et Gabriel Audisio vs Louis Bertrand
14h45 – 15h05 : Discussion
Où, après un retour sur les temps de guerre froide, l’on examinera la manière dont la vision camusienne de la colonialité et sa critique « anti-orientaliste » sont en voie de réévaluation sur les scènes américaines comme arabe.
15h20 – 15h40 : Nedjib Sidi Moussa (docteur Paris I), Entre critique littéraire et procès politiques : quand la gauche lisait Camus au temps de la guerre froide
15h40 – 16h : Madeleine Dobie (Columbia), Camus aux États-Unis, de la guerre froide aux études francophones, en quatre scansions
16h – 16h20 : Faris Lounis, Culture et impérialisme (Edward Said) au miroir de la critique arabe
16h20 – 16h40 : Discussion
17h – 18h30 : Table ronde : « Camus aujourd’hui »
Présidence : Jean-Louis Meunier (Univ. Nîmes)
Sarah Al-Matary, Maïssa Bey, Nasser Djemaï, Lyes Salem (à confirmer), autres invitations (en attente)
Programme du mercredi 19 mars
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