Terminé
18 avril 2017

Soirée-hommage à Cheick Fantamady Camara

Hommage à Cheick Fantamady Camara, auteur, producteur et réalisateur guinéen né en 1960 à Conakry en Guinée, et disparu à Paris des suites d’une longue maladie le 6 janvier 2017.

© DR

Un sourire guinéen suspendu

La disparition de Cheick Fantamady Camara, ce 6 janvier 2017, est le terme d’une longue lutte contre la maladie qui l’a affaibli sans altérer ses rêves de cinéma. C’est son désir de pousser plus loin les bords du cadre qui l’a entraîné de Guinée, où il est né en 1960, vers le Burkina, en terre de cinéma, puis en France où s’est fait la main et a serré les poings. Le cinéma, il l’a vécu comme un virus. Impératif, douloureux, puissant.

On retient sa faculté à orchestrer la valse des contrastes et des corps-à-corps dans Konorofili, 2000, tourné en France. On mesure sa capacité à pénétrer la réalité des camps de réfugiés en Afrique, là où la jeunesse survit et se débrouille, avec Bè Kunko, 2004. La reconnaissance est au rendez-vous. Et quand Cheick passe au long métrage, avec Il va pleuvoir sur Conakry, 2006, il sait amuser avec les péripéties d’un caricaturiste amoureux, fils d’imam, mais aussi planter les questions qui freinent l’essor de la Guinée, son pays magnifique, vivant, pourtant corrompu et encore englué dans des traditions archaïques.

Ce premier long métrage est une manière de prouver que la Guinée peut inspirer et accueillir un tournage ambitieux. Cheick y soude sa troupe de comédiens dont la plupart vont vivre l’aventure du deuxième long métrage. Mörbayassa Le serment de Koumba, 2014, est un nouveau défi, une gageure pour contrer le manque de moyens et faire émerger un film à bout de bras. Une histoire de transmission.

En quelques films, trop peu, Cheick Fantamady Camara s’impose comme un réalisateur volontaire, courageux, sensible. En quelques films, Cheick Fantamady Camara s’impose comme un cinéaste africain toujours prêt à porter haut et calmement, mais avec fermeté, la voix des artistes du continent. Cet apport repose sur sa conception humaniste, animiste, respectueuse du monde. Lui qui accorde tant de crédit à sa vie de famille, à ses amitiés, ses fidèles soutiens, ne sacrifie pas son cinéma pour autant.

Cheick poursuit ses rêves alors que son dernier film n’est pas encore distribué en France malgré la reconnaissance internationale. Les blessures peuvent rendre forts, les forces peuvent juguler les coups du sort et les obstacles. Pas toujours la colère qui ronge. Celle que Cheick a peut-être trop longtemps contenue pour éviter de blesser les autres. Alors il disparaît à Paris, avec son éternel sourire, bienveillant. Et son regard sur le monde nous manque. Mais les échos de sa voix douce et feutrée résonnent encore. Comme les images, inaltérables, créées et partagées par Cheick.

Par Michel Amarger (Afrimages / Médias France)
Extrait de l’article paru le 14 janvier 2017, Africiné Magazine

 

- Présentation

- Projection de ses deux courts métrages : Konorofili, 15’28 et Bè Kunko, 32’

- Chant Fatoumata Diawara

- Projection Making of Je te dis de Yves Breux, 35’

- Témoignages de ses amis

 

Konorofili (Anxiété)

Guinée, fiction, 2000, 15’

Image : Amiel Emdin
Son : Frédéric Pfohl
Montage : Anne Souriau
Musique : Ray Lema
Costumes : Kagi Charlie
Interprètes : Boris Hazoume, Judith Levasseur, Dominique Gras

Production : Médiane Films/Christine Lambert

Synopsis : D’origine africaine, Dou vit à Paris et héberge Félix, un ami français qu’il a connu en Afrique. Félix a tenté plusieurs fois de se suicider. Sylvie, l’amie de Dou, ne comprend pas pourquoi il passe tout son temps avec Félix, alors qu’en apparence celui-ci se porte très bien. Une dispute éclate au sein du couple…

Bè Kunko

Guinée/France, fiction, 32’

Image : Jean-Philippe Polo
Son : Bakary Sangare
Montage : Cécile Thérond
Montage son : Alexis Durand
Musique : Alexis Durand, Ray Lema
Mixage : Laurent Chassaigne
Interprètes : Francis Sylla, Mohamed Lamine Bangoura, Aïcha Touré, Awanatou Makati

Production : Les Productions de Cléopâtre, Djoliba Productions
Co-production : Parenthèse Films

Synopsis : Tom, John, Assata et Dady ont fui la guerre. Ils arrivent dans un camp de transit en Guinée Conakry en compagnie de Mémé. Très vite, la vie s’organise. Malgré l’autorité de Mémé, le groupe d’adolescents s’adonne aux quatre cents coups…