Pour épouser la belle princesse Pari Banu, le prince Ahmed doit affronter son rival, le mage africain, en s’alliant avec la sorcière dans le Wak-Wak, l’île des esprits, où l’enchanteur capture la sœur de son ennemi pour la vendre à l’empereur de Chine, lequel sera renversé grâce à Aladin et à sa lampe merveilleuse.
Musique par The Khoury Project
Le film
Les Aventures du prince Ahmed de Lotte Reiniger
Musique : The Khoury Project
Allemagne, animation, 1926, 65’
Mixage : Jean-Pierre Bouquet
Composition, arrangement et direction musicale : Elia, Basil et Osama Khoury
Les Aventures du Prince Ahmed est le premier film d’animation muet inspiré par les contes des 1001 Nuits, réalisé en 1926 par l’allemande Lotte Reiniger et fait de silhouettes découpées dans du papier noir et animées sur fond coloré. La musique originale avait été composée par Wolfgang Zeller. Véritable chef d’œuvre du patrimoine culturel en cinq actes, ce film n’a cessé d’intéresser nombre de musiciens qui, sur le principe du ciné-concert, proposaient d’autres interprétations musicales.
En découvrant ce film muet avec la nouvelle musique des frères Khoury, une évidence s’impose au spectateur, comme si ces deux univers étaient voués à se rencontrer. En effet, ces frères jordaniens d’origine palestinienne n’ont cessé de voyager comme le prince Ahmed. Ayant expérimenté plusieurs cultures, parlant plusieurs langues, leur musique n’a pas de frontières. Nourries de la tradition de la musique arabe, leurs notes se teintent de flamenco, de swing, de musique classique, de jazz, soutenues par un quintet.
L’utopie véhiculée par le film et le mélange culturel dans la musique ne font qu’un. Les musiciens ont cette soif de partage et ce désir d’explorer de nouveaux territoires. Ce film était pour eux. Au-delà de ce qui leur était naturel, les musiciens ont parfaitement compris les enjeux d’une musique de cinéma. Le film est un enchantement pour les yeux, et la musique parvient à élever cette rêverie sans l’écraser. L’image est une véritable chorégraphie que les frères Khoury ont su (re)mettre en scène avec leurs instruments, en repoussant les limites techniques de leur outil. Cette créativité débridée et communicative sied parfaitement à cette œuvre onirique et fantasque.
Jean-Baptiste Millot
The Khoury Project
Les frères Khoury :
Elia – oud
Osama – kanoun
Basil – violon et percussions
Accompagnés d’un quintet de jazz :
Pierrick Menuau – saxophone
Jean-Louis Pommier – trombone
Gaëtan Nicot – piano
Guillaume Robert – contrebasse
Inor Sotolongo – batterie
Il y a un style Khoury. Dans dix ans, il fera l’objet d’études précises. Les critiques, les musicologues le définiront, essaieront de mettre des mots sur son mystère, son alchimie propre.
Ce style Khoury s’inscrit dans un courant musical qui vise à s’exprimer sans/hors de tous clivages stylistiques rigides, en s’appropriant, en un savant mélange, différentes cultures musicales. Il s’agit moins d’une world music insipide qui rêve d’un ailleurs enfermé dans ses phantasmes, ses stéréotypes et ses prêts-à-jouer que du grand mixage des désirs, des expressions, des langages apparemment lointains, imperméables ou contradictoires mais, de fait, complémentaires. Entrelacées, ces traditions musicales subtilement mêlées (le Moyen-Orient, la Méditerranée qui est le sésame, le pont jeté, le jazz ; ses notes bleues, les fulgurances de l’improvisation, mais aussi le flamenco et les musiques tzigane, celtique et indienne) ne ressemblent à rien de connu.