Amira Ghenim, Prix de la littérature arabe 2024 pour “Le désastre de la maison des notables”
Le Prix de la littérature arabe 2024, créé par la Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe, est décerné à l’auteure tunisienne Amira Ghenim pour son roman Le désastre de la maison des notables, traduit de l'arabe par Souad Labbize (Éditions Philippe Rey [Barzakh]).
Pierre Leroy, administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère et président du jury du Prixse réjouit que cette nouvelle édition consacre « un roman intense, entremêlant intrigue familiale et grande Histoire, qui dessine le portrait complexe et tout en nuances d'une Tunisie en pleine mutation. L’ensemble des membres du jury et moi-même saluons par ailleurs la plume unique de l’auteure qui, grâce à un procédé narratif élaboré, a su donner naissance à une œuvre puissante, portée par une nouvelle collection qui met en lumière la littérature arabophone du Maghreb, encore trop souvent privée d’écho en France ».
Jack Lang, Président de l’IMA, a souligné « l’importance de faire rayonner la richesse des cultures du monde arabe, dont la littérature et la poésie sont des modes majeurs. Dans le contexte où la traduction des textes arabophones se raréfie, la mise en lumière des auteurs issus du monde arabe est essentielle et ce prix, également porté désormais par la jeunesse, en est le précieux instrument ».
Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024
Née en 1978 à Sousse en Tunisie, Amira Ghenim est agrégée d’arabe, titulaire d’un doctorat en linguistique et enseigne à l’université de Sousse. Elle est l’autrice d’essais universitaires et de trois romans, dont Le dossier jaune (2019) et Terre ardente (2024).
Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français.
Le désastre de la maison des notables (Éditions Philippe Rey [Barzakh])
Le désastre de la maison des notables transpose plus de cinquante ans d’histoire tunisienne, de la lutte pour l’indépendance jusqu’à la révolution de 2011. Dans un pays en pleine ébullition politique, se croisent les destins de deux familles bourgeoises : les Naifer, rigides et conservateurs, et les Rassaa, libéraux et progressistes.
Une nuit de décembre, à Tunis, Zbeida Rassaa, jeune épouse de Mohsen Naifer, est soupçonnée d’entretenir une liaison avec Tahar Haddad, intellectuel d’origine modeste connu pour son militantisme syndical et ses positions avant-gardistes, notamment en faveur des droits des femmes. Dans un entrelacement de secrets et de souvenirs, ce roman choral revient sur les répercussions désastreuses de cette funeste soirée. Comme dans un jeu de poupées russes, chaque récit en contient d’autres et renverse la perspective qu’a le lecteur de découvrir ce qui est réellement arrivé à Zbeida Rassaa.
« Ce roman glorifie l’empathie. Sans l’empathie des personnages les uns envers les autres, tous les destins auraient pris une tournure encore plus désastreuse […] Il évoque un message très simple : À chacun sa propre vérité, ses souffrances cachées, ses guerres et ses défaites. Mais dans cette solitude affreuse qui est l’essence même de l’être, il n’est pas une douleur ou une joie que l’homme ne puisse partager ».
Amira Ghenim
Promouvoir la diversité de la littérature arabe
Créé en 2013 par l’Institut du monde arabe (IMA) et la Fondation Jean-Luc Lagardère, ce prix (doté de 10 000 €) est l’une des rares récompenses françaises distinguant la création littéraire arabe. Elle promeut l’œuvre d’un écrivain ressortissant de la Ligue arabe et auteur d’un ouvrage écrit ou traduit en français. Valoriser et diffuser en France la littérature arabe en plein temps fort de la rentrée littéraire, telle est la volonté des fondateurs de ce prix, qui s’inscrit également dans le travail de fond mené par l’IMA, plus largement, sur ce sujet, avec notamment ses Rencontres littéraires.
Jury du Prix de la littérature arabe :
Président : Pierre Leroy, Administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère ; Mahi Binebine, peintre et écrivain ; Mustapha Bouhayati, Directeur de la Fondation Luma à Arles ; Nicolas Carreau, écrivain et chroniqueur littéraire ;Gilles Gauthier, ancien Ambassadeur de France au Yémen, traducteur des livres d'Alaa El Aswany ; Houda Ibrahim, auteure et journaliste à Radio France Internationale (RFI) ; Alexandre Najjar, avocat, écrivain, Grand Prix de la Francophonie 2020 et Nathalie Sfeir, Responsable de rayon à la librairie-boutique de l’IMA.