Pour sa troisième édition, le Prix de la littérature arabe, créé par l’Institut du monde arabe et la Fondation Jean-Luc Lagardère, est décerné à Mohammed Hasan Alwan pour son roman Le castor (Seuil – février 2015), traduit de l’arabe (Arabie Saoudite) par Stéphanie Dujols.
Présidé par Pierre Leroy, co-gérant de Lagardère SCA, et composé d’éminentes personnalités du monde des médias, des arts et de la culture, ainsi que de spécialistes du monde arabe, le jury a élu, par une très forte majorité, le texte de Mohammed Hasan Alwan.
Le Prix sera remis par Jack Lang et Pierre Leroy à l’occasion d’une cérémonie le 14 octobre 2015 à l’Institut du monde arabe, en présence des lauréats et de personnalités de la culture et de la littérature.
Mohammed Hasan Alwan est né à Riyad en 1979 et vit aujourd’hui à Ottawa. Outre un recueil de nouvelles et un essai sur l’émigration, il a publié quatre romans : Saqf alKifâya (2002), Sophia (2004), Tawq at-tahâra (2007) et Al-Qundus (Le castor, 2011) tous parus chez Dar al-Saqi à Beyrouth. Le castor, qui est le dernier en date – et le premier à être traduit en français –, lui a valu de figurer en 2013 parmi les six finalistes du Prix international de la fiction arabe.
Ghâleb, quadragénaire saoudien échoué sur les rives de la Willamette, à Portland, se retrouve un jour nez à nez avec une drôle de créature : un mammifère à queue plate dont il ignore le nom, mais qui lui rappelle singulièrement l’entourage qu’il a laissé derrière lui. Aussitôt, il est renvoyé à son passé familial et à ses échecs personnels. Né d’un premier mariage malheureux, Ghâleb a toujours été un étranger pour les siens. Sa relation clandestine avec Ghâda ne lui procure plus grand-chose, et il s’agirait pour lui de mettre fin à cette histoire impossible. Seul, en crise, il voudrait prendre un nouveau départ dans la vie. Mais comment ?
Roman familial, conte cruel et facétieux sur la crise de la quarantaine, récit sur l’immigration, Le castor déplie avec jubilation les complexités de la société saoudienne et nous montre que, finalement, la zoologie est l’un des plus courts chemins pour comprendre l’homme.
Le Jury a également attribué une mention spéciale à Ali al-Muqri pour son ouvrageFemme interdite (Editions Liana Levi – mars 2015). Traduit de l’arabe (Yémen) par Khaled Osman et Ola Mehanna.
Ali Al-Muqri, né en 1966 à Taizz, vit à Sanaa au Yémen. Il est l’auteur de nombreux articles parus dans les journaux progressistes, d’un essai remarqué sur l’alcool et l’islam et de trois romans.
Cadette d’une modeste famille yéménite, la narratrice a grandi sous la férule d’un père rigoureux et d’une mère soumise. Au fil des souvenirs, elle retrace son existence. Son enfance partagée entre interdits et transgressions, puis ses études de théologie et son engagement dans le djihad. Sur la vie dissolue de sa grande soeur Loula, sur sa rencontre à Paris avec un peintre désireux de la faire poser nue, son père a toujours fermé les yeux car c’est elle qui les a fait vivre...
Ce roman dévoile une société aux prises avec ce paradoxe : si l’islam reconnaît en principe à la femme des droits sexuels équivalents à ceux de l’homme, la pratique la réduit au rang d’objet. La femme – « interdite » dans tous les sens du terme – doit mettre en oeuvre de multiples stratégies pour lutter contre le déni dont elle est victime. Ce texte, interdit dans la plupart des pays arabes, a valu à l’auteur d’intenses polémiques.
Sept titres avaient été retenus par le comité de lecture et soumis au Jury : Femme interdite, d'Ali al-Muqri (Liana Levi) ; Le castor, de Mohammed Hasan Alwan (Seuil) ;L'Âne mort, de Chawki Amari (Barzakh) ; La Langue du secret, de Najwa M. Barakat (Actes Sud) ; Les quatre saisons du citronnier, de Souad Benkirane (Karthala) ; Les Druzes de Belgrade, de Rabee Jaber (Gallimard) ; La Cigogne, d'Akram Musallam (Actes Sud).
Jury du prix de la littérature arabe 2015 : Président : Pierre Leroy – Co-gérant de Lagardère SCA ; Nada Al Hassan – Spécialiste du patrimoine culturel ; Mahi Binebine – Peintre et écrivain, lauréat du Prix du Roman arabe en 2010 ; Mustapha Bouhayati – Directeur de la Fondation Luma à Arles; Jean-Pierre Elkabbach – Journaliste à Europe 1, fondateur et animateur de l’émission Bibliothèque Médicis, Gilles Gauthier – Ancien Ambassadeur de France au Yémen, traducteur des livres d'Ala Al-Aswani ; Kaoutar Harchi – Écrivain ; Houda Ibrahim – Auteur et Journaliste à Radio Monte-Carlo Doualiya ; Alexandre Najjar – Écrivain et Rédacteur en chef de L'Orient littéraire, lauréat de la bourse Écrivain de la Fondation Jean-Luc Lagardère.
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