Le musée de l’IMA invite le visiteur à la découverte du monde arabe, par-delà les idées reçues, en lui présentant toute la diversité de ses cultures, ethnies, langues, confessions, depuis ses origines jusqu’à nos jours.
Grâce à l’exceptionnelle donation de Claude et France Lemand de plus de 1900 œuvres, le musée de l’IMA devient le premier consacré à l’art moderne et contemporain et aux civilisations arabes en Occident. Soutenu par le ministère de la Culture, le projet de rénovation en fera un musée arabe d’exception, pour le 40e anniversaire de l’IMA, en 2027.
La muséographie privilégie un dialogue entre des œuvres et des objets appartenant à des domaines rarement mis en regard :
Ce parcours sur quatre niveaux du bâtiment, du 7e au 4e étage, s’articule autour de cinq thématiques :
L’arabité, au sens culturel du terme, est un exemple de très beaux mélanges et d’interactions de cultures que les traumatismes de l’histoire des Arabes ont oblitérés de la mémoire collective. Georges Corm
La péninsule Arabique n’est pas qu’un désert, c’est aussi le creuset dans lequel se sont forgées, tout au long du Ier millénaire av. J.-C., une identité et une culture arabes. L’agriculture et le commerce caravanier ainsi que maritime font naître des royaumes prospères. Vestiges des populations sédentaires et mobilier du quotidien nomade racontent la formation d’une identité qui est moins fondée sur l’ethnie que sur la langue. Cette langue, le visiteur peut l’entendre, avec la déclamation d’extraits des Mu`allaqât, ces poésies antérieures à l’islam qui véhiculent la vision du monde des Arabes de cette période.
Le musée est précieux car il recèle, à travers les objets, des témoignages réels, archéologiques et historiques, indiscutables et irréfutables. Ainsi, il libère la présentation du fait religieux de tout dogmatisme et du pouvoir émotionnel des communautés croyantes. Mohammed Arkoun
Dès la plus Haute Antiquité, les hommes tentent de comprendre les forces cosmiques… et de se les concilier. Comment la Mésopotamie et l’Égypte des pharaons dialoguaient-ils avec le divin ? Le visiteur le découvrira au travers de sceaux-cylindres et d’amulettes. Depuis le IVe millénaire av. J.-C., ce sont également des préceptes et des rites partagés qui président aux cultes. Représentation ou pas de la divinité, prière, symboles de la lumière et de la vie éternelle, offrandes et sacrifices, pèlerinages génèrent une production de statues, icônes, mobiliers et objets de foi. Une torah, une bible et un coran témoignent des trois Écritures du monothéisme abrahamique et rappellent que la foi en un Dieu unique est née dans ce qui est aujourd’hui le monde arabe.
Toute la prospérité, toute la quintessence de la culture, toutes les perfections artistiques auxquelles la cité a consacré tant de sollicitude restent dissimulées. Ce n’est que dans les zones commerciales, dans le labyrinthe des souks où les négociants exhibent leurs produits, où les artisans s’affairent que la ville accepte de se dévoiler. Mohamed Métalsi
Al-madîna, la ville en arabe, transcrit dans l’espace l’organisation de la société musulmane. Du Maghreb au Machrek, on y retrouve, sous des apparences et des styles variés, les mêmes monuments emblématiques. Il y a le palais, lieu d’exercice du pouvoir mais aussi l'atelier des arts où est définie l’esthétique particulière à chaque dynastie ou époque ; la mosquée lui est associée, tandis que l’église et la synagogue rassemblent les fidèles des autres confessions. Il y a aussi, jusqu’au XIe siècle, la madrasa, où s’élaborent et se transmettent les savoirs théoriques aussi bien que pratiques. Et bien sûr le souk, centre névralgique du commerce (y compris au long cours) et de productions matérielles qui mettent en application certains procédés issus des sciences. Enfin, la ville abrite la demeure de la famille, partagée entre des espaces liés à la vie sociale et d’autres réservés à l’intimité. La muséographie s’inspire de l’urbanisme de la ville arabe, avec son imbrication de vitrines qui sans cesse ménagent des découvertes sur l’excellence des réalisations intellectuelles et des accomplissements artistiques.
On ne peut enfermer l’approche de la Beauté telle que la développe le ‘’monde arabe’’ dans la définition d’un canon formel, ni dans l’élaboration d’une pensée esthétisante, ni dans une finalité transcendante au divin. La Beauté est étroitement liée au Savoir. Elle est une porte vers la connaissance, spirituelle ou non. Yves Porter
Dans les « arts de l’Islam » – un concept créé par l’Occident –, il n’y a pas d’équivalent à la théorisation occidentale de la recherche du beau. Sauf pour la calligraphie qui devient une forme esthétique en soi, justifiée par l’acte de piété que constitue la copie de la parole de Dieu, le Coran, dans une écriture harmonieuse. Au fil des siècles, une multitude de traités normatifs vont préciser comment tracer en belles lettres, en tous formats et sur tous supports, des textes et des inscriptions aussi bien religieuses que profanes. Artistes et artisans – il n’existe pas de distinction jusqu’au XXe siècle – convient tout un chacun à une expérience sensible du beau en créant, quel que soit l’objet et son utilité, des espaces où se combinent le matériau, le motif, la couleur, la proportion et l’harmonie. Lorsqu’il s’agit des beautés de la Création (l’islam interdit seulement l’image des êtres vivants dans les édifices religieux et leur mobilier), la flore, la faune, les hommes et les femmes, mais aussi le merveilleux et le fantastique, sont traités sur un mode idéalisant et expressif plutôt que naturaliste.
Pendant plus d’un millénaire, le ‘’monde arabe’’ a été modelé par l’islam et les normes qu’il a promues ; même les non-musulmans ont été affectés par son système de pensée. Alors que pour le monde occidental le corps est la propriété du sujet de droit, en islam il est la propriété de Dieu. Les hommes sont tenus d’agir envers lui comme envers tout dépôt confié à leurs soins. Ils doivent satisfaire ses besoins sans cependant être asservis par lui. Mohammed Hocine Benkheira
Dernière étape du parcours : la relation que chacun entretient avec son corps et avec l’autre. Une première vitrine s’attache à la question du voile, qui n’est pas un marqueur religieux comme les débats actuels le font trop souvent penser. Le soin que l’on porte à son corps, « prêt de Dieu » dans la tradition musulmane, relève à la fois de l’hygiène pour la conservation d’une bonne santé, et de la purification pour les croyants. Une installation met en scène les objets et les produits utilisés au bain dans une ambiance sonore qui en restitue les étapes et la vocation sociale. L’hospitalité est quant à elle pratiquée et célébrée d’une manière constante dans les sociétés arabes jusqu’à nos jours. Elle appartient au code de l’honneur et s’apparente à la solidarité familiale ou religieuse. Les pièces réunies sur la table du festin rappellent que le partage du repas en est l’expression la plus manifeste. L’hospitalité conduit aussi à divertir son hôte avec de la poésie et de la musique, véritables piliers de la culture arabe dès avant l’Islam. Ainsi, le parcours du musée s’achève avec une sensibilisation aux musiques arabes, savantes et populaires.
Retrouvez l'album du musée sur place à la librairie-boutique (niveau 0) ou sur la boutique en ligne.
Tout visiteur ayant soif de découvrir la culture des société du monde que l’on appelle aujourd’hui « arabe », dans ses origines, son élaboration et la continuité des ses vivantes racines, dispose enfin d’un lieu unique : le musée de l’Institut du monde arabe placé sous le signe de l’ancienneté de sa civilisation et de la diversité des peuples qui l’habitent. Aller à la rencontre des Hommes et de leurs imaginaires au fil d’un parcours qui croise, de manière inédite, les disciplines - anthropologie, archéologie, histoire, linguistique - les oeuvres, le passé et le présent, ouvre les portes de la compréhension mutuelle de la connaissance.
Album du musée
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