Partenariat IMA-Eurêkoi : dix ans déjà !

Publié par Brigitte Nérou | Le 28 février 2020
La bibliothèque de l'Institut du monde arabe. © Thierry Rambaud / IMA
« Répondre aux questions posées via Eurêkoi suppose notamment de bien connaître les fonds de la bibliothèque… » Thierry Rambaud / IMA

La bibliothèque de l’IMA vient de fêter ses dix ans de partenariat avec le réseau Eurêkoi, un service de questions-réponses en ligne gratuit et ouvert à tous. Le cap des 2000 questions/réponses vient d’être franchi. Mais comment fonctionne ce service ? Qui pose des questions, que demande-t-on, et qui est chargé d’y répondre ? Entretien avec Laurence Mazaud, bibliothécaire, chargée de piloter en interne le groupe des « répondants ».

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Compte tenu de ses collections et de sa mission, la bibliothèque de l’IMA est particulièrement légitime pour répondre à des questions sur le monde arabe et la civilisation arabo-musulmane. Son adhésion au réseau Eurêkoi lui permet de valoriser ses ressources et son expertise, tant auprès des partenaires du réseau que des usagers.
                                                   
Dans quelles circonstances l’IMA a-t-il rejoint le réseau Eurêkoi ?

C’est la bibliothèque qui a pris l’initiative, en février 2010, de rejoindre Eurêkoi, qui s’appelait à l’époque BiblioSesame.
Compte tenu de ses collections et de sa mission, la bibliothèque de l’IMA est en effet particulièrement légitime pour répondre à des questions sur le monde arabe et la civilisation arabo-musulmane ; son adhésion – sans concurrence au sein de ce réseau national – lui permet de valoriser ses ressources et son expertise,  tant au niveau des partenaires du réseau que des usagers. Par ailleurs, grâce aux outils de communication numérique, la bibliothèque peut élargir sa mission de service public, hors les murs, auprès des publics distants ou empêchés.

Pouvez-vous résumer le principe d’Eurêkoi ?

Eurêkoi est un service national de questions-réponses en ligne, gratuit et ouvert à tous, piloté par la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou à Paris. Le réseau regroupe 48 bibliothèques situées en France et en Belgique francophone. Il s'efforce de trouver le meilleur interlocuteur pour répondre aux questions, en fonction de la spécialité des bibliothèques partenaires. C’est un service personnalisé et sur mesure, qui mobilise 500 bibliothécaires pour répondre en moins de 72h à toutes sortes de questions : recherches documentaires et bibliographiques, conseils de lecture, recommandations de films ou séries TV.
La bibliothèque de l’IMA reçoit les questions à partir de son formulaire en ligne disponible sur la page d’accueil de son catalogue ou sur les pages bibliothèque du site web de l’IMA, rubrique Services & Ressources
En 2019, environ 50% des questions traitées par l’IMA sont venues du réseau Eurêkoi et ont été redirigées vers notre bibliothèque. Il nous arrive à l’inverse de réorienter les usagers vers les bibliothèques spécialisées, lorsque les questions concernent par exemple les domaines turc ou persan, non couverts par la bibliothèque.

A quel rythme vous pose-t-on des questions ?

Sur ces dix années d'activité, nous avons reçu en moyenne 37 questions par mois. Cela peut paraître peu, mais les questions posées sont de plus en plus complexes. Il y a quelques années, quand la bibliothèque n’avait pas encore de catalogue en ligne, on nous demandait surtout des recherches bibliographiques et si nous avions tel ou tel titre dans nos collections. Aujourd’hui, ce sont plutôt des recherches documentaires, des demandes de synthèse sur une question ou une problématique. En dix ans, nous avons reçu plus de 2000 questions via le service Eurêkoi.


Avec ce partenariat, la bibliothèque contribue à la connaissance du monde arabe et, plus généralement, au rayonnement de la mission de l’IMA.
Qui pose les questions ? Surtout des jeunes ? Des vieux ? Des étudiants ? De tout ?

Les profils sont divers mais on peut dégager trois catégories : les particuliers, les étudiants et les professionnels du livre et de la culture. La majorité des demandes proviennent de France, dont un tiers de province ; entre 13% et 20% selon les années proviennent des pays arabes, et environ 6% en moyenne de pays européens.
En termes d’âge, nous recevons des demandes aussi bien de collégiens ou lycéens que de retraités ou d’actifs ; et bien sûr d’étudiants ou d’enseignants-chercheurs.
Nous assurons un suivi statistique et analytique régulier pour mieux connaître ces publics distants. Notre base de données statistiques couvre nos dix années d’activités et prend en compte de nombreux critères : profil sociologique et origine géographique des demandeurs, disciplines et thématiques les plus demandées, langues des documents recherchés, âge et sexe, délais de traitement, et enfin services concernés par la demande. En effet, certaines questions peuvent concerner le Musée, la Direction des actions éducatives ou la Médiathèque Jeunesse.

S'agit-il la plupart du temps de questions faciles, ou demandent-elles beaucoup de travail ? Une personne en interne est-elle spécifiquement chargée d'y répondre ?

Au sein de la bibliothèque, nous sommes deux à nous en charger, ma collègue Olga Andriyanova et moi-même ; deux autres collègues seront bientôt formés pour étoffer le groupe des « répondants ». Car entre la recherche – qui suppose notamment de bien connaître les fonds de la bibliothèque – et la rédaction, il arrive qu’il faille consacrer jusqu’à une matinée entière pour trouver et formuler une réponse (même si on nous recommande de ne pas y consacrer plus d’une heure). Nous ne perdons pas de vue la dimension pédagogique, notamment pour les étudiants : notre démarche vise aussi à les former à la recherche documentaire et à leur indiquer les sources les plus adaptées pour mener à bien leurs recherches.
Il faut ajouter à ce temps de travail le choix et l’éditorialisation des meilleures questions du mois, qui seront publiées en ligne sur le site eurekoi.org.  A ce jour, près de 850 questions-réponses de la Bibliothèque de l’IMA sont consultables en ligne sur le site Eurekoi.org

Signalons par ailleurs que, depuis 2018, la Bibliothèque de l’IMA est présente sur le réseau social Sens Critique sous le pseudonyme d’Amina. Elle y propose environ 80 listes de recommandations de romans et de films sur le monde arabe. En 2019, celles-ci ont été consultées plus de 9000 fois (bilan au 31/12/2019). Notre présence sur ce réseau permet ainsi de valoriser la culture arabe à travers la littérature et le cinéma, assez mal représenté sur Sens critique.

Vous arrive-t-il de « sécher », et dans ce cas, que faites-vous ?

Nous sommes des bibliothécaires, pas des spécialistes ni des universitaires; même si, parmi les bibliothécaires répondants, certains peuvent avoir une discipline ou un sujet de prédilection. Lorsque nous ne savons pas répondre à une question, ou que nous manquons de références dans nos collections, nous orientons vers d’autres institutions ou vers des spécialistes.
Notre cœur de métier reste la maitrise des techniques de recherche, couplée à la connaissance de la production éditoriale et académique sur le monde arabe.

La question la plus intéressante qu’on vous aie posée ?

Il y a beaucoup de questions intéressantes, et on apprend plein de choses en faisant ce travail. Alors difficile d’en choisir une en particulier ! Pour ma part, parmi les questions posées en 2019, je retiendrai celle d’un participant à un concours de bijoux qui recherchait la recette et le dosage d’un collier traditionnel berbère appelé skhab, ou encore la question sur l’histoire de Dar Bellarj, un bâtiment à Marrakech qui servait au Moyen Âge d’hôpital pour les cigognes blessées.

Et la plus amusante ?

Parmi les questions amusantes ou insolites, on peut citer celles-ci : « Dans la tradition musulmane, pourquoi les djinns sont-ils souvent représentés en bleu ? » ; « Quel est le sens de l’expression “wesh… wesh” » ? ; « Auriez-vous des informations sur Zayn al-Din al-Amidi, juriste non voyant ayant développé un système de lecture sur les noyaux de fruits ? »
Autant de preuves que, avec ce partenariat, la bibliothèque contribue à la connaissance du monde arabe et, plus généralement, au rayonnement de la mission de l’IMA.

Brigitte Nérou, rédactrice en chef du blog de l'IMA
Brigitte Nérou Avec plus de quinze ans d’expérience dans l’édition, Brigitte a rejoint l’Institut du monde arabe en 2003 comme secrétaire de rédaction du magazine Qantara . Elle prend à présent la... Lire la suite
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