Le mouwashshah est un genre poétique qui fut inventé et développé par Moukaddam Ibn Mouafa de Qabra dans l’Andalousie arabe de la fin du Xe siècle. Ce chant mélodieux, doux, structuré par strophes, a pris avec le temps des formes variées, aussi bien en Afrique du Nord qu’au Moyen-Orient. En Tunisie, en Algérie, et au Maroc, il se fond dans la nouba ; au Moyen-Orient, il demeure encore un pilier du tarab (extase musicale). Au XXe siècle, avec l’avènement de la notation musicale et de la musicologie chez les Arabes, la musique arabo-andalouse commence à susciter un véritable intérêt chez le public. Mais le mouwashshah, de transmission exclusivement orale, reste largement méconnu. Aujourd’hui, l’écoute de ces textes poétiques est l’affaire d’une poignée de connaisseurs et ses interprètes se font de plus en plus rares. Ghada Shbeir se propose de faire revivre ces traditions musicales perdues. Spécialiste du chant arabo-andalou et du chant scandé religieux syriaque, la chanteuse libanaise nous plonge dans l’univers des mouwashshat, nous racontant le flirt, l’amour, les charmes féminins. Professeur de chant liturgique et de théorie orientale à l’université Saint-Esprit de Kaslik au Liban, c’est au cours de ses recherches qu’elle découvre puis revisite ces poèmes anciens, aujourd’hui considérés comme désuets. Sur scène, « la voix d’or chargée d’émotion », comme elle est surnommée au Liban, est accompagnée par un qânun (cithare arabe), un violon et un daf (tambourin). En 2007, Ghada Shbeir a remporté le BBC Radio 3 World Music Awards pour son album Al- Muwashahat.