Terminé

Femme, Vie, Liberté

L'IMA en soutien à la lutte du peuple iranien

Depuis le 8 mars 2023, journée internationale des droits des femmes, les 3 mots « Femme, Vie, Liberté », symboles de la lutte du peuple iranien, sont projetés plusieurs fois par semaine sur les moucharabiehs de la façade Sud de l’Institut du monde arabe. Le 13 avril 2023, afin de poursuivre son soutien, l’IMA réunit deux tables rondes exceptionnelles : « Comprendre la révolution de 1979 » et « Femme, vie liberté : où va le mouvement de contestation en Iran »?
En seconde partie de soirée : un programme de concerts, projections et lectures réunira notamment Anousha Nazari, Julie Gayet, Darya Dadvar, Ariana Vafadari, Sepideh Farsi, Yasaman Hasani, Claire Laffut, Haylen, Syrus Shahidi...

C’était une évidence, pour l’IMA, de témoigner d’un soutien sans faille au combat des Iraniennes et des Iraniens.

Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe

En septembre 2022, l’exécution en détention de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour ne pas avoir porté son hijab selon les règles vestimentaires en vigueur, marque en Iran le début d’un soulèvement populaire sans précédent. Partout dans le pays, des manifestations éclatent pour dénoncer le pouvoir liberticide de la République islamique qui depuis plus de quarante ans punit d’emprisonnement toute femme sortant en public sans être voilée.
Plusieurs mois après le début du mouvement, la mobilisation contre le régime des mollahs ne faiblit pas. Femmes et hommes défient avec un courage inouï le pouvoir en place. Des milliers d’arrestations et des centaines de condamnations à mort témoignent de l’ampleur de la répression.
Programmation élaborée en association avec l’association Femme Azadi, avec le soutien de United Artists

Programme

18h - Allocution inaugurale

Par Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix 2003.

18h30 - Table-ronde 1 | Comprendre la Révolution de 1979

Quarante-quatre ans après son avènement, la Révolution iranienne de 1979 est parfois illégitimement associée au régime qui lui a succédé. On tend à occulter la nature protéiforme du mouvement révolutionnaire qui se déploie sur un spectre large, avec des composantes libérales, marxistes, anarchistes, laïques et islamistes, et l’immense espoir qu’il a suscité.  Cette première table-ronde revient sur la sociologie de ce mouvement mais aussi sur la chronologie des faits, de la multiplication des campagnes pour la liberté d’expression aux manifestations massives dans tout le pays, jusqu’à la chute du Chah et à la prise du pouvoir des Gardiens de la Révolution.

La projection des archives photographiques de Reza et Manoocher Deghati rappelle en images ces événements marquants, commentés par Rachel Deghati puis analysés par deux témoins et spécialistes de ce moment charnière.
Avec :

Rachel Deghati

  • Rachel Deghati, romancière, réalisatrice de films et de dispositifs multimédias, commissaire d’expositions. Elle est l’auteure, avec Reza et Manoocher Deghati, de Iran, Rêves et dérives (1978-1985) (éd. Hoebeke, 2019), publication des archives photographiques des deux photographes iraniens, documentant les émeutes, les répressions violentes, mais aussi les espoirs d’une société iranienne en pleine mutation dont ils sont les témoins privilégiés.

Yann Richard

  • Yann Richard, professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle, a vécu en Iran avant, pendant et après la Révolution de 1979. Il est l'auteur de Islam chiite, croyances et idéologies (Fayard, 1991), L’Iran de 1800 à nos jours (4e édition sous presse, Champs Flammarion), Le Grand Satan, le chah et l’imam. Les relations Iran/États-Unis jusqu’à la Révolution de 1979 (CNRS éditions, 2022).

Stéphanie Perez @ Bruno KleinBruno Klein

Modération des tables rondes : Stéphanie Perez

Stéphanie Perez, grand reporter pour France Télévisions depuis 1995, a réalisé de nombreux reportages en Iran et couvert plusieurs conflits  dont l’Irak, la Syrie et l’Ukraine. Elle a reçu le Prix Bayeux des lycéens en 2018 et le Laurier Grand reporter en 2020 (Prix Patrick Bourrat). Elle est auteure du Gardien de Téhéran (éd. Plon, 2023).

19h30 - Table ronde 2 | Femme, vie, liberté : où va le mouvement de contestation en Iran ?

De quoi le mouvement de contestation en Iran est-il le nom ? Contestation, soulèvement, révolution : il est difficile de traduire avec exactitude ce mouvement d’ampleur qui perdure depuis la mort de Mahsa Amini il y a six mois. La forme du mouvement change : au soulèvement spontané et aux grandes manifestations populaires succèdent d’autres formes de mobilisation moins visibles, que cette table-ronde analysera. C’est aussi un mouvement avant-gardiste, dans l’histoire du militantisme, qui allie des revendications politiques et sociétales, qui est puissamment féministe, qui tient compte de l’écologie et qui se structure et se diffuse sur les réseaux sociaux.  Nous reviendrons sur la chronologie, les acquis et l’avenir de ce mouvement avec des chercheurs, des témoins et militants. Table ronde modérée par Stéphanie Perez.
Avec :

Maneli Mirkhan

  • Maneli Mirkhan, franco-iranienne, consultante en stratégie et experte en intelligence systémique. Elle est membre fondateur de l'Association Femme Azadi qui a pour mission de porter la voix des femmes et de la jeunesse iraniennes.

Leili Anvar © Pascale DesrousseauxPascale Desrousseaux

  • Leïli Anvar, maître de conférences en langue et littérature persane à l’Inalco, traductrice du Cri des femmes afghanes (éd. Bruno Doucey, 2022), écrivaine et conteuse.

Mahnaz Shirali

  • Mahnaz Shirali, sociologue, politiste, spécialiste de l’Iran, directrice académique du centre AP-GC, auteure de Fenêtre sur l’Iran. Le cri d’un peuple bâillonné (éd. Les Pérégrines, 2021).

20h30 - Concerts, projections et lectures

 

Concerts :

D. R.

Anousha Nazari

Anousha Nazari, chanteuse lyrique iranienne, a commencé sa carrière en Iran avant de se distinguer sur la scène internationale. Ayant remporté le Prix international du Festival de Musique de Téhéran, elle a intégré l'orchestre symphonique de Téhéran et s'est établie en France en 2016. En 2021, elle a publié son album intitulé « Sounds of Ancestors », combinant des influences persanes et de la musique classique occidentale. Anousha s'engage dans divers projets artistiques et musicaux en Europe, se produisant lors de festivals et récitals, et contribuant à la promotion de la musique classique. 

Anousha Nazari sera accompagnée par la pianiste Lauriane Corneille.

D. R.

Darya Dadvar
Née à Mashhad, Darya Dadvar est une cantatrice soprano et compositrice iranienne installée à Paris. Diplômée du conservatoire de musique et de l'École des beaux-arts de Toulouse, son répertoire va de la musique d'opéra à la musique baroque, l'art lyrique contemporain, jusqu'à la musique traditionnelle persane.


Darya Dadvar sera accompagnée par le pianiste Vadim Sher et le violoniste Dimitri Artemenko.

Vincent Benhamou

Ariana Vafadari
Chanteuse franco-iranienne, formée au Conservatoire de Paris, Ariana Vafadari fait dialoguer son héritage oriental et sa passion pour la musique classique. Mezzo-soprano au timbre profond mais aussi compositrice elle invente des épopées sonores entre musique traditionnelle, classique et jazz.

Ariana Vafadari sera accompagnée par le joueur de oud Yacir Rami, le percussioniste Neşet Kutas. Avec la participation de la danseuse soufie Rana Gorgani.

Tingting

Rana Gorgani est l’une des rares femmes derviches tourneurs, elle élève cette danse au rang de pratique spirituelle. Née en Allemagne d’une mère iranienne et d’un père kurde, Rana grandit en France, où elle vit aujourd’hui. Si le soufisme alimente sa pensée et son art, la force de Rana est d’emmener cette spiritualité dans des univers inattendus. Par ses nombreuses représentations et collaborations, Rana est devenue la référence de l’art soufi en Occident.

Eve Saint Ramon

Haylen

Auteure-compositrice-interprète, le style musical de la franco-iranienne Haylen s'inspire de la soul, du rock et du R&B. 
Fille du comédien et metteur en scène, réfugié politique Iranien Manouchehr Namvarazad, elle apprend le chant et le violon au Conservatoire puis apprend la guitare en autodidacte. Haylen a participé à The Voice en 2016. Elle a écrit et composé son 1er album “Blue Wine” sorti en 2023.

D. R.

Mossy Amidi Fard

Mossy Amidi Fard est né en Iran dans une famille de musiciens. Très jeune, il est initié au tombak par son père violoniste avant de se former à l’Institut des Enseignements Musicaux de Téhéran. Mossy Amidi Fard réside en France depuis 1986, où il enseigne la musique traditionnelle persane. Percussionniste soliste virtuose au répertoire allant de la musique traditionnelle persane au jazz, il s’est produit en France et dans le monde entier.

Charlotte Abramow

Claire Laffut

Claire Laffut est une auteure, plasticienne et chanteuse Belge. En 2018, elle donne priorité à la musique avec la sortie des singles « Vérité » et « Mojo ». Elle assure également la direction artistique des clips qui les illustrent. L'année suivante, elle présente un autre titre pop très travaillé en duo avec Yseult, « Nudes ». Son premier album “Bleu” sort en 2021 qu’elle accompagne d’une tournée à travers l’Europe. Elle est très engagée dans son soutien au droit des femmes et notamment ceux des femmes iraniennes. 


Claire Laffut sera accompagnée par le pianiste Gael Rakotondrabe.
 

Lectures par :

D. R.

Julie Gayet
Julie Gayet est une actrice, productrice de cinéma et réalisatrice française. Au cinéma, Agnès Varda lui confie son premier rôle important dans Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma en 1995. En 2007, elle crée la maison de production Rouge International avec Nadia Turincev. Elles produisent notamment : Grave de Julia Ducournau, L'Insulte de Ziad Doueiri ou Visages, Villages d'Agnès Varda et JR. En 2020, elle fonde un festival autour de la musique à l'image, “Sœurs Jumelles” à Rochefort.

Julie Gayet s’engage pour les droits des femmes, en dénonçant notamment les inégalités femmes-hommes dans l'industrie du cinéma. Elle est notamment impliquée auprès de la Fondation des femmes qui vise à soutenir les associations venant en aide aux femmes victimes de violences.

Elle est l'un des principales instigatrices de l'événement présenté à l'IMA en soutien au peuple iranien.

TareCk

Alireza Shojaian

Alireza Sojaian est un artiste et activiste iranien. Étudiant à l’université islamique d’Art et d’Architecture Azad de Téhéran, Alireza Shojaian a dissimulé son travail et sa sexualité pendant de longues années. Il quitte l’Iran pour s’installer à Beyrouth en 2016 puis, en 2019, il obtient de l’ambassade française au Liban une résidence artistique auprès de l’Académie des beaux-arts de Paris, la ville où il vit et travaille désormais. Ses œuvres ont tout récemment été exposées à l’Institut du monde arabe dans le cadre de l’exposition « Habibi, les révolutions de l’amour ».

D. R.

Syrus Shahidi

Syrus Shahidi est né d'une mère italo-roumaine et d'un père iranien, réfugié politique arrivé en France après la révolution islamique. Il s’est notamment fait connaître pour son rôle dans la série Plan Cœur. Il a joué dans de nombreux films parmi lesquels Une histoire de fou de Robert Guédiguian, Karmapolice de Julien Paolini ou encore I Love America de Lisa Azuelos.

 

Et Leili Anvar, Haylen & Manouchehr Namvarazad, Anousha Naziri...

Courts-métrages présentés :

The Dérive de Tanin Torabi (Iran/8'/2017)

Une exploration des questions sociales et culturelles. Une danseuse se déplace parmi les gens dans un vieux bazar à Téhéran pour capturer les réponses et les réactions. La danse est interdite en Iran.

Tanin Torabi est une artiste interprète iranienne dont le travail englobe la performance en direct, la chorégraphie, le cinéma et l'écriture, et qui aime explorer le lien entre eux. 

Icky de Parastoo Cardgar (Iran/6'/Animation/2017)

L'histoire d'Icky dépeint un monde où les gens ont pour tête un Rubik's cube résolu. Une enfant dans ce monde uniforme arbore une tête différente de celle de tous les autres. Son Rubik's cube à elle n'a pas été résolu.

D. R.

LeftOver de Yasaman Hasani (Iran/2'/Animation/2018)

Une femme lutte pour sa liberté et son identité. Parmi les murmures réprobateurs des hommes qui l’entourent, elle danse, elle résiste, elle continue malgré tout son chemin. 

Yasaman Hasani est une animatrice et cinéaste, actuellement engagée dans un doctorat avec spécialisation en étude des média à l'Université des Arts Appliqués à Vienne. Pendant ses études, elle a produit trois animations expérimentales, qui ont été présentées dans plusieurs festivals de film.

D. R.

  • Bahman (France-Iran/2'/2023/Rêves d'Eau Productions)
  • Filles d'Iran (France-Iran/6'/2022/Rêves d'Eau Productions)

De Sepideh Farsi

"Bahman" est un vœux, ou un mouvement imaginaire, qui remonte le cours du temps, et énumère les événements tragiques que l’Iran a dû vivre depuis 1979. Et si tout cela pouvait s’effacer du tableau du temps ?

"Filles d’Iran" est un geste qui part du vœu de Shabnam, une fillette de 7 ans qui fait un vœux en soufflant une bougie. Une dizaine d’années après en 2022, dans un Iran secoué par le mouvement « Femme, vie, liberté » qui démarra avec l’assassinat de Mahsa-Jina Amini, Sepideh Farsi a tenté d’imaginer laquelle des filles d’Iran elle serait devenue. Le film est un assemblage d’images de son dernier voyage en Iran en 2009, juste avant la vague verte, et des vidéos anonymes témoignant de la révolte.

Né à Téhéran, Sepideh Farsi est installée à Paris depuis 1984. Très jeune, elle sort dans la rue pour photographier des manifestations politiques, ignorant les risques. Arrêtée à l’âge de 16 ans, elle passera presque un an en prison. À sa sortie, elle est bannie de l’université. Après plusieurs années de photographie, elle réalise des vidéos d’art, des documentaires et des longs métrages fictions sélectionnés (Locarno, Toronto, ...) et primés dans de nombreux festivals dans le monde. Parmi ses films, nous pouvons citer « Téhéran sans autorisation », « Red Rose » ou encore « 7 Voiles » et « Harat » tournés en Afghanistan. Artiste engagée, Sepideh Farsi a tourné ses films entre l’Iran, l’Afghanistan, la Grèce et la France. Son dernier film d’animation, LA SIRENE, sera projeté au festival de Berlin 2023.