A la fois genre poétique, aux strophes finement ciselées, et (surtout) danse de bravoure d’origine guerrière, la ‘arda qatarie se rapproche de la ‘ayyala des Emirats par sa configuration mais s’en distingue par une exécution plus nerveuse, plus dynamique. Deux rangées d’hommes brandissant des sabres (remplacés de plus en plus souvent par des carabines) se font face, en répétant des vers à tour de rôle. Entre les deux, des musiciens, jouant de diverses percussions, dont des tambours sur cadre et des caisses cylindriques, les unes volumineuses, les autres de petite taille. Le tout, aux fins de créer par le mélange de leurs sonorités, ajoutées à l’entrechoquement des tuwaysât ou saggât métalliques, un rythme sonore en harmonie avec les voix des hommes des deux rangs se répartissant l’inchâd (chant).
Anciennement, la ‘arda qatarie avait la particularité de présenter le poète juché sur les épaules d’un participant pour mieux impressionner l’ennemi par sa hauteur de voix. Ensuite, il se posait à terre pour déclamer à quatre reprises un phrasé destiné à galvaniser ses camarades. Cette pratique a disparu et a cédé la place à une autre où les percussions, se répondant les unes aux autres en « musclant » et en accélérant le rythme, jouent un rôle majeur. Les prestations ont souvent lieu au cours de manifestations sociales, religieuses ou patriotiques. La ‘arda jouit, encore et toujours, de la sympathie et de la ferveur locale des foules ; il semblerait que la présence des tambours, qui lui confèrent un surcroît de gaieté et de tarab (émotion à son comble), soit pour beaucoup dans cet engouement.
Les textes récités ou vocalisés sont puisés, en général, dans le vieux fonds populaire et consistent en petites pièces versifiées dues à la plume de poètes parfois inconnus, parfois célèbres, comme le regretté Saïd bin Salim. Le récitant, ’aboû, se déplace entre les rangs avec des mouvements rythmés et fait répéter les vers.
* Egalement en concert-découverte pour jeune public, samedi 17 juin, 14 h 30, salle du Haut-Conseil
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