Rencontre avec Justine Augier autour de son dernier ouvrage Personne morale (Actes Sud, septembre 2024). Il documente le travail acharné d’une poignée de jeunes femmes – avocates, juristes, stagiaires – qui, face au scandale de l'affaire du cimentier Lafarge, mis en cause pour avoir, dans la Syrie en guerre, maintenu coûte que coûte l’activité de son usine de Jalabiya, entendent faire vivre et répondre de ses actes cette « personne morale » qu’est l’entreprise, pour atteindre un système où l’obsession du profit, la fuite en avant et la mise à distance rendent possible l’impensable.
Leur objectif marque un tournant dans la lutte contre l’impunité de ces groupes superpuissants : faire vivre et répondre de ses actes cette « personne morale » qu’est l’entreprise, au-delà de ses dirigeants, pour atteindre un système où l’obsession du profit, la fuite en avant et la mise à distance rendent possible l’impensable.
Minutieux et palpitant, Personne morale fait entendre les voix des protagonistes et leurs langues, si révélatrices, explore la dysmétrie des forces, la nature irréductible de l’engagement des unes, du cynisme des autres. Dépliant, avec une attention extrême, un engrenage de faits difficiles à croire, ce livre est une quête de vérité qui traque dans le langage et dans le droit les failles, les fissures d’où pourrait surgir la lumière.
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