Dans son projet initial, le musée de l’Institut du monde arabe a été pensé comme un musée d’art et de civilisation arabo-musulman et son parcours s’articulait en trois séquences, avec pour point de départ la naissance de l’islam. Une présentation de l’art islamique, considéré dans sa plus vaste extension territoriale, c’est-à-dire de l’Espagne à l’Inde, se prolongeait par une approche plus ethnographique de la vie en société dans le monde arabe et s’achevait sur la création arabe contemporaine. Cette organisation présida à la constitution des collections dès 1982. Les fonds d’ethnographie et d’art contemporain arabe étaient à créer, tandis que pour l’art islamique le corpus se composait principalement, à l’inauguration du musée en novembre 1987, de dépôts d’œuvres appartenant aux collections nationales françaises. Des acquisitions dans ce domaine étaient néanmoins entreprises dès la création du musée, afin de compléter ces dépôts et anticiper leur restitution, intervenue en 1991.
L’enrichissement des collections s’est fait par des acquisitions sur le marché de l’art, des dons – hommage doit être ici rendu aux collectionneurs qui ont depuis son origine soutenu le musée, au premier rang desquels le regretté Jean Soustiel – ainsi que des legs. Celui de Marcel Destombes a doté en 1986 le musée d’un ensemble significatif d’instruments liés à l’étude et à la pratique de l’astronomie. Ce fonds comporte aujourd’hui 620 pièces ou lots (céramique, métal, verre, pierre et stuc, ivoire, écaille, cuir, bois et mobilier, tissage et broderie, tapis, manuscrits et feuillets calligraphiés, miniatures et dessins, livres imprimés, monnaies, bijoux, instruments scientifiques, mosaïque, vitrail et objets composites).
Le musée réservait un de ses cinq niveaux à une présentation de la société dans le monde arabe. Cette séquence n’a pu être finalisée pour l’ouverture au public de l’Institut et, par la suite, les crédits ont fait défaut pour la mettre en œuvre. Un fonds a été rassemblé de 1983 à 1988, complété ensuite par un don saoudien à l’issue d’une exposition en 1998. Il est constitué essentiellement de dons gouvernementaux, les acquisitions sur le marché ne représentant qu’environ 5 % de l’ensemble des 335 pièces. Il comporte des objets de la vie quotidienne en lien avec la préparation de la nourriture et la pratique de l’hospitalité, des parures pour hommes et femmes (armes et bijoux), des instruments de différents corps de métiers, du mobilier de nomades et de sédentaires, des instruments de musique, des pièces de vêtement, des poupées d’un théâtre d’ombre (karagöz).
Constituer une collection d’art contemporain arabe était une des originalités du musée de l’Institut à son ouverture. Cette collection réunit des œuvres exécutées depuis les années 1920, avec l’ambition d’être représentative des multiples tendances qui composent la création arabe ; elle offre un panorama des deux premières générations d’artistes modernes mus par une ouverture au monde, au croisement de l’Orient et de l’Occident, de l’Afrique et de l’Asie. 460 œuvres sont inscrites à l’inventaire, acquises auprès des artistes ou leurs représentants. 115 ont fait l’objet d’un don. La collection comprend des peintures, sculptures, estampes, photographies, livres d’artistes et pièces de design.
En 2008 a été prise la décision de repenser le musée et de recentrer son propos sur le monde arabe, depuis ses origines jusqu’à l’époque actuelle. Il est apparu que les collections de l’Institut ne suffisaient pas, à elles seules, à nourrir l’ensemble d’un parcours désormais thématique.
L’obtention en 2011 de l’appellation « Musée de France » a permis le dépôt d’œuvres appartenant aux musées nationaux. Ainsi, depuis la réouverture du musée en février 2012, la présentation inclut des œuvres des collections du musée du Louvre (départements des Antiquités orientales, des Antiquités grecques, étrusques et romaines, des Antiquités égyptiennes) et du musée du quai Branly (unité patrimoniale Afrique du Nord et Proche-Orient). S’y ajoutent des pièces du musée des Arts décoratifs de Paris et du musée Bible et Terre sainte.
Des musées de pays membres fondateurs de l’Institut ont également été sollicités. Le visiteur peut ainsi, tout au long du parcours, découvrir des pièces, souvent inédites, provenant du Musée national de Riyad (Arabie saoudite), du Musée national de Manama (Bahreïn) de même que des musées de Damas, Alep, Lattaquié et Palmyre, arrivées à Paris avant que les événements en Syrie rendent impossible tout mouvement d’œuvres. Sont également exposés des prêts tunisiens issus des musées de Carthage, de Kairouan, du Bardo et des Arts et traditions populaires à Tunis.
Les vitrines du musée accueillent également des œuvres appartenant à des particuliers, témoignages d’une vie spirituelle (collections de MM. Antaki, El-Gharib, Skaff) ou d’une culture matérielle (collections de M. & Mme Bouvier et de Mme David) qui se rencontrent plus rarement dans les collections publiques. Des chefs-d’œuvre de la Furusiyya Art Foundation enrichissent depuis de nombreuses années déjà le parcours du musée. Enfin, la Famille Dubroff a généreusement prêté une suite d’exceptionnels bustes en albâtre pour l’évocation de l’Arabie heureuse.
Une collection demeure vivante tant qu’elle s’enrichit. Les acquisitions portent dorénavant sur plusieurs domaines, de l’archéologie antique à l’art d’aujourd’hui.
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