Institut du monde arabe, 8 avril 2019. De gauche à droite : Hassan Al Thawadi, Secrétaire général du comité d’organisation de la Coupe du monde 2022, Prince Ali bin Hussein, président de la Fédération jordanienne de football, Jack Lang, président de l'Institut du monde arabe, Aurélie Clemente-Ruiz, commissaire de l’exposition, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères.
IMA Thierry RambaudLundi 8 avril 2019, l'Institut du monde arabe accueillait le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, venu, aux côtés du président de la Fédération française de football Noël Le Graët et de Jack Lang, président de l'IMA, inaugurer les deux expositions « FFF : 100 ans de passion et d'innovations » et « Foot et monde arabe. La révolution du ballon rond ».
La relation entre le football et le monde arabe est une histoire ancienne ; c’est aussi une histoire complexe, tout à la fois sportive, sociale, culturelle, politique, et les éclairages qu’apporte cette exposition sur le rôle du football dans tous les grands mouvements des sociétés arabes contemporaines sont des invitations à montrer la complexité de cette relation et de cette histoire. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères
Monsieur le président de l’Institut du monde arabe, Cher Jack Lang ; Altesse, M. le Président de la Fédération française de football, Cher Noël Le Graët ; M. le Secrétaire général du comité d’organisation de la Coupe du monde 2022, Cher Hassan al-Thawadi ; Mesdames et Messieurs les Ambassadeur s; Mesdames et Messieurs ; Chers Amis,
Je voudrais commencer par citer un grand footballeur : Albert Camus. En 1953, il évoquait son plus bel amour de jeunesse, le football, en disant ceci : « Après beaucoup d’années où le monde m’a offert beaucoup de spectacles, ce que finalement je sais sur la morale et sur les obligations des hommes, c’est au sport que je le dois, c’est au RUA que je l’ai appris. » Le RUA, c’était le Racing universitaire algérois, dont le futur prix Nobel de littérature avait rejoint les rangs en 1928. Le RUA, ce fut aussi le club d’Abdelhamid Haddadj, futur président de la Fédération algérienne de football, et d’Abdelkader Ben Bouali, future étoile de l’Olympique de Marseille.
Camus y occupait le poste de gardien. Un poste un peu à son image, à la fois solitaire et solidaire. Et si la maladie eut raison de son rêve de carrière professionnelle, je veux croire que la conscience de l’universel qui marque son œuvre se forma aussi sur les terrains algériens et par le football.
Car dans cet universel partagé qu’est le football, le monde arabe occupe une place éminente. Les équipes nationales et les clubs arabes excellent dans les compétitions où ils sont engagés, j’en veux pour preuve la récente victoire du Qatar en coupe d’Asie, où celle de L’Espérance de Tunis en ligne des champions de la Confédération africaine de football. Et je rêve moi aussi d’un autre match, entre l’équipe d’Algérie et l’équipe de France, en Algérie, ce serait formidable, un match entre le Qatar, championne d’Asie et l’équipe de France avant la Coupe du monde, ce serait aussi un bon sujet. Notre Premier ministre, en visite au Qatar il y a quelques jours, a émis cette hypothèse que je me permets de relayer ici.
Mais le football dans le monde arabe, c’est aussi, à l’image de Mohamed Salah, le roi égyptien de Liverpool, de nombreux talents qui rejoignent les plus grands clubs internationaux. Les Emirats arabes unis viennent d’accueillir la coupe d’Asie, l’Egypte s’apprête à donner le coup d’envoi de la coupe d’Afrique, le Qatar prépare la Coupe du monde 2022, les sponsors, les médias, les investisseurs arabes arabes sont devenus des acteurs majeurs de ce sport.
Le football avait donc toute sa place à l’Institut du monde arabe, et l’exposition qui s’ouvre aujourd’hui met en lumière tous ceux qui, de l’Atlantique au Golfe, vibrent pour le ballon rond, pour les joies qu’il procure, pour les surprises qu’il permet. Professionnels, amateurs ou simples supporters, ils sont depuis plus d’un siècle les acteurs d’une histoire singulière qui est d’abord une histoire ancienne.
Une histoire ancienne qui commence en Egypte où se crée le premier club, Al Ahly, en 1907, et qui joue plus tard son premier derby au Caire contre Zamaleck. Les autres pays ne sont pas en reste. Quatre ans avant l’Indépendance l’Algérie avait déjà une équipe nationale, celle du FLN, formée en 1958 – je me permets de saluer les joueurs qui faisaient partie de cette équipe : il manque Mekhloufi – qui a charmé ma jeunesse : le nº 7 de Saint-Etienne était aussi lui-même une grande image.
La relation entre le football et le monde arabe est une histoire ancienne ; c’est aussi une histoire complexe, tout à la fois sportive, sociale, culturelle, politique, et les éclairages qu’apporte cette exposition sur le rôle du football dans tous les grands mouvements des sociétés arabes contemporaines sont des invitations à montrer la complexité de cette relation et de cette histoire.
L’histoire du football et du monde arabe, c’est aussi une histoire partagée avec la France : le football français doit beaucoup aux joueurs venus du monde arabe, à l’image de Larbi Benbarek, évoqué dans l’exposition ; il doit aussi beaucoup aux enfants d’immigrés, qui n’ont pas peu contribué, en 1998 et en 2018, à épingler à notre maillot les deux étoiles qui font notre fierté.
Cette histoire, c’est aussi une histoire porteuse d’espoir, celui qu’incarne le Nejmeh Sporting Club de Beyrouth, qui a su se maintenir au travers des vicissitudes de l’histoire du Liban. C’est aussi une histoire d’espoir car le développement du football féminin dans le monde arabe, illustré par les exemples du Bahreïn, de la Palestine, de la Jordanie, montre une contribution du football au combat des femmes arabe pour l’égalité – cela se joue aussi dans les stades.
Je tiens à saluer l’équipe qui a permis la réalisation de cette exposition, à féliciter la commissaire Aurélie Clémente-Ruiz, et à remercier tous les mécènes et partenaires, en particulier la Fédération française de football et son président Noël le Graët.
2019 sera un grand cru footballistique, à la fois en France et dans le monde arabe. Car cet été, nous accueillerons la Coupe du monde féminine, et la Coupe d’Afrique des nations se jouera en Egypte. On n’aurait pas pu imaginer une meilleure manière de siffler le coup d’envoi de cette année de réjouissances communes et de cette exposition.
Bienvenue sur le blog de l’Institut du monde arabe, lancé en octobre 2016.
Son but : donner la parole aux passionnés du monde arabe dans et hors de l’institution. Retrouvez les coups de cœur des équipes (livres, cinéma, musique, expos…), les portraits de personnalités, les regards d’intervenants sur des questions historiques, sociologiques, artistiques… Promenez-vous dans les coulisses de l’institution et des événements et suivez les actualités de la présidence de l’IMA.
La rédaction invite experts et amateurs, tous passionnés, à s’exprimer en leur nom sur toutes les facettes du monde arabe.
Jack Lang, Président de l'Institut du monde arabe, présente les ambitions du tout nouveau blog...
Lire la suitePour recevoir toute l'actualité de l'Institut du monde arabe sur les sujets qui vous intéressent
Je m'inscris