«Fragments d'intimité» de la photographe Brigitte Bauer, c'est un ensemble de prises de vues, réalisées à Alexandrie, de couples assis sur fond de ville. Le banc, généralement réservé à la vie publique, s'y illustre comme un véritable prolongement de la sphère privée. Des couples vus de dos, car, explique l'artiste, «choisir la figure de dos me permet d’inviter le spectateur à prendre sa place, à contempler l’espace urbain à partir de son point de vue». À Arles, à la galerie Nomade, jusqu'au 31 janvier 2017.
Bulles d’intimité au milieu de l’agitation de la ville, ils sont là, penchés l’un vers l’autre, un peu ou à peine. Ils se regardent, ou regardent la mer, ou rien, tournant le dos au monde. Ilots dans la foule des rues. Paradoxe apparent : le choix de l’espace public pour trouver une intimité que l’intimité familiale ne permet pas. Attitudes privées dans un espace qui est public. Brigitte Bauer
La parole à l'artiste Brigitte Bauer: «Vus de dos, c’est à travers ces couples que l’on aperçoit la ville : des couples, partout, assis sur des bancs au bord de mer, dans les jardins publics, sur les murets de la corniche. Des couples partout, toute la journée, encore plus en fin de journée, bien sûr. Des couples jeunes, mais pas toujours.
Figures de dos, donc, et des femmes presque toujours voilées. Dans cette ville par tradition ouverte sur l’Occident, le voile est sans doute signe d’islamisation des esprits, mais ses déclinaisons de formes et de couleurs, de plis et replis montrent par ailleurs qu’il n’échappe pas aux coquetteries de la mode. Choisir la figure de dos, forme récurrente en peinture de paysage – et en photographie contemporaine –, me permet d’inviter le spectateur à prendre sa place, à contempler l’espace urbain à partir de son point de vue. Contrepoint : devant ces grands immeubles, les bancs vides, en attente des couples, en attente de vie.
Dans cette série en deux parties, j’ai tenté de développer une forme de représentation en accord avec une culture qui a un tout autre rapport à l’image que la mienne, européenne. Il y aurait beaucoup à dire, sans doute, sur le statut de la femme, sur la vie des jeunes en général et les rapports de famille en particulier, et finalement aussi sur une certaine solitude urbaine, peut-être. A moins qu’il ne s’agisse que de la transposition dans mes images de cette solitude que j’ai souvent ressenti au milieu de l’agitation des rues alexandrines. »
Née en Allemagne, Brigitte Bauer vit et travaille à Arles depuis 1987. Diplômée de l’École nationale supérieure de la Photographie d’Arles et de l’Université Aix-Marseille, elle enseigne la photographie à l'École supérieure des beaux-arts de Nîmes depuis 2005. Après le développement d’une culture du paysage dans ses premières séries de photographies, ses recherches s’orientent aujourd’hui vers les territoires du quotidien, voire de l'intime. La série «Fragments d'Intimité» a été présentée aux «Rencontres Castelfranc» en 2015 et à la Graineterie à Houilles en oct/nov 2016 dans le cadre de l’exposition «Microscopie du banc».
La galerienomade .fr 38, rue du 4 septembre 13200 Arles Du mercredi au samedi de 14h à 19h30 & sur rendez-vous Tél.: 09 83 68 94 83 - 06 50 90 48 85
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