« Dispersés » de Inaam Kachachi

Maman chérie, Je ne me suis pas rassasiée d'entendre ta voix au téléphone ce matin. J'aurais aimé que la ligne reste ouverte entre nous toute la journée afin que je te raconte ma vie ici. Le Canada est beau et sûr, mais froid et éloigné. Trop éloigné de vous tous. C'est comme si, en s'y rendant, on mourait tout en continuant à vivre. On quitte ses parents. On ne les voit ni ne les entend plus sauf par image et transmission.

Les enfants de Wardiyya sont installés depuis longtemps déjà aux quatre coins du monde : Kinda, médecin comme sa mère, au Canada, son fils Barraq à Haïti où il travaille dans l’humanitaire et Yasmine à Dubaï. C’est une vieille dame qui arrive en France. Sa nouvelle existence lui paraît tellement vide, elle qui se vouait corps et âme à ses patients. À Paris, elle retrouve une nièce et son fils adolescent Iskandar. Entre le jeune homme qui n’a jamais connu son pays d’origine et sa vieille tante nait une complicité attendrissante. Ce récit, à plusieurs voix, voyage dans l’espace et le temps entre l’Irak d’aujourd’hui et celui des débuts de Wardiyya en tant que médecin dans les années cinquante, la France et le Canada.

« Dispersés » dit la douleur de la séparation des familles que les procédures administratives compliquées et les refus de visas séparent. Il raconte le destin de ces hommes et ces femmes contraints à l’exil et qui tentent de recommencer une vie ailleurs.

Roman – Dispersés – Inaam Kachachi, traduit par F. Zabbal
Gallimard, 2016, 264 pages, 23.50 €