معارض

Jacques Majorelle

Exposition de peinture
  • 23 February 2000 - 9 April 2000
Jacques Majorelle
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Contexte artistique

Jacques est le fils de l’ébéniste Louis Majorelle, l’un des chefs de file de l’Ecole de Nancy. Ce courant Art Nouveau, célèbre dans le monde entier, fait de Nancy, entre 1885 et 1900, une ville où la création et la production artistiques sont en pleine effervescence. Emile Gallé, Louis Majorelle, Jacques Gruber, Antonin Daum, Victor Prouvé..., tous ces artistes verriers, ébénistes, peintres, contribuent au prestige et à la renommée de ce mouvement.

Jacques grandit dans cette mouvance. Il accompagne fréquemment son père dans ses ateliers et tout le destine tôt ou tard à y prendre part. Il est, à cet effet, inscrit en 1901 à l’Ecole des beaux-arts en section Architecture et Décoration.

Mais dès 1903, Jacques Majorelle affirme sa volonté de devenir peintre. Etudes à Paris, voyages en Espagne, en Italie, il s’éloigne peu à peu de Nancy. En 1910, ses envies d’ailleurs le mènent jusqu’en Egypte où il découvre le monde de l’Islam, ses couleurs, ses lumières, ses coutumes. Il y effectue trois voyages successifs jusqu’à la guerre en 1914. Cet exil volontaire lui permet de trouver sa voie, la rupture avec Nancy semble définitive.

C’est en 1917 qu’il se rend pour la première fois au Maroc afin de se remettre d’une maladie pulmonaire. Grâce à l’entremise de son père et du peintre Emile Friant, le général Lyautey, originaire de Nancy, facilite son installation.

Jacques Majorelle au Maroc

Jacques Majorelle a 31 ans lorsqu’il débarque à Tanger. Il rejoint rapidement Marrakech. Il y prolonge et concrétise ce qu’il avait découvert en Egypte.

C’est peu de dire qu’il est séduit par la ville, elle va le révéler à lui-même...

S’intégrant à la fois à la communauté européenne et au milieu arabe, il est reçu quelques mois après son arrivée par le Pacha et devient rapidement l’une des célébrités locales. Très vite, il sait que ce pays sera le sien. Dans les différentes expositions organisées au Maroc et en France à partir des années 1920, il s’impose comme " le peintre de Marrakech " puis comme " le peintre du sud marocain ".

Subjugué par la lumière, les odeurs, les lieux, il veut témoigner de l’authenticité des habitants de la ville, saisir leur quotidien, peindre les marchés, les souks, décrire cette activité incessante qui l’enchante.

Dès 1921, il entreprend des expéditions dans l’Atlas. Là encore il est ébloui par les paysages somptueux, fasciné par l’architecture des palais, intrigué par la vie féodale des villages, de ces montagnes encore inviolées.

Les Kasbahs de l’Atlas qu’il semble vouloir peindre à l’infini constitueront l’un de ses thèmes majeurs et lui permettront de réaliser quelques unes de ses plus belles compositions.

" Il y a ici des scènes d’un tel réalisme qu’on oublie son époque et soi-même et qu’on se laisse vivre en plein Moyen-Age ", écrit-il au cours de l’un de ses voyages.

C’est en explorateur qu’il sillonne ces contrées et c’est l’âme de tout un peuple qu’il veut approcher dans ses tableaux qui vont bien au-delà des simples scènes de genre. Son œuvre va ainsi révéler l’existence des villages perdus de l’Atlas et de leurs grandes architectures de terre.

" Que celui-ci [Majorelle] peigne (…) les souks de Marrakech (…) ou les Kasbahs féodales du sud du désert, toujours il réalise, dans une forte synthèse décorative, bien qu’avec une préciosité de miniaturiste persan, la vérité profondément observée et repensée du pays qui le passionne ", écrit Camille Mauclair dans Le Figaro, en mai 1932.

La villa et les Jardins Majorelle

En 1923, Jacques Majorelle fait construire une imposante villa de style mauresque Bou saf-saf, à la limite de la palmeraie. Il dessine les motifs des zelliges, ces mosaïques qui couvrent les murs, peint les vantaux de la porte d’entrée en cèdre de motifs géométriques bleu dur, vert et rouge sombre. Ces mêmes couleurs sont utilisées pour la décoration intérieure dont les références à l’art traditionnel marocain sont évidentes. Enfin une tour légèrement en retrait accentue le côté saharien de cette construction devant laquelle s’étale un grand bassin.

Autour de cette maison, il conçoit un jardin comme une immense oasis de verdure dans laquelle les espèces les plus extraordinaires, les plus luxuriantes s’épanouissent avec bonheur. Les volutes extravagantes qui ornaient à profusion les vases, les meubles, les vitraux de l’Ecole de Nancy auraient-elles à jamais marqué l’imaginaire de l’artiste? Toujours est-il qu’il ne cesse d’enrichir son jardin avec les essences les plus rares : 1800 sortes de cactées, fleurs tropicales, bananiers, fougères géantes et 400 variétés de palmiers envahissent l’espace répandant leurs parfums enivrants sur quatre hectares. Onze bassins de différentes formes rafraîchissent ce somptueux jardin.

En 1931, à l’opposé de la villa mauresque, il confie à l’architecte Sinoir la construction d’un atelier de style moderne dans lequel il se retire pour travailler.

En 1955, la villa familiale Bou saf-saf, entourée de son parc d’un hectare, fut séparée du restant de la propriété. Le jardin exotique de trois hectares qui entourait l’atelier de Jacques Majorelle fut alors ouvert au public. Par la suite ce vaste espace fut morcelé et certaines parties furent vendues.

Aujourd’hui, la villa Bou saf-saf appartient à Yves Saint Laurent et à Pierre Bergé. Ils ont permis sa restauration ainsi que celle d’une partie des jardins toujours ouverte au public.

L’atelier a été transformé en musée d’art islamique.

Les ateliers Majorelle

Etre le fils de Louis Majorelle n’est pas sans conséquence...

A peine arrivé à Marrakech, Jacques Majorelle décide de créer un art décoratif nouveau s’inspirant de la tradition et qui serait réalisé à partir de produits régionaux et exécuté par une main d’œuvre locale. Les ateliers sont installés derrière la villa et gérés par Andrée Majorelle, la femme de l’artiste. Ils prospèrent très vite : cuirs d’art, maroquineries fines, meubles en bois peints...

C’est dans ses ateliers qu’il fera réaliser différents travaux de décoration, les plus importants étant ceux qu’il créée pour sa propre maison, ceux qu’il présentera à l'Exposition des Arts décoratifs en 1925 et enfin ceux qu’il fait exécuter pour l’hôtel Mamounia à Marrakech. Le plafond de la grande salle à manger du célèbre palace est peint de motifs qui font référence à l’art berbère et aux motifs fassis.

L'Afrique noire

A partir de 1930, Jacques Majorelle délaisse momentanément les kasbahs et les paysages du sud pour se consacrer à un nouveau thème : les négresses nues. Bien sûr le mythe de l’Afrique noire est alors très en vogue mais au-delà de l’effet de mode, le peintre semble réellement fasciné par la beauté et la sensualité de ces femmes qu’il fait poser dans la végétation luxuriante de son jardin. La consécration de cette nouvelle série se fera en novembre 1934 à la galerie Charpentier à Paris : 115 tableaux sont présentés dont 95 rendent hommage aux négresses nues. Des rehauts métalliques d’or, d’argent et de bronze subliment l’éclat de ces corps d’ébène qui semblent évoquer la nostalgie du paradis perdu et qui ne manquent pas de susciter les fantasmes des acheteurs occidentaux.

Si l’exotisme est très présent dès les années 30 dans la vie de Jacques Majorelle ce n’est qu’après la guerre qu’il se rendra en Afrique Noire à la recherche des origines de ses modèles. Du Soudan à la Guinée, ses voyages successifs le mèneront de plus en plus loin : foules bigarrées, scènes de marché, portraits de femmes témoigneront une fois encore de la vie de tout un peuple. Mais si les sujets restent identiques, la palette de l’artiste évolue. Dès le premier voyage la tonalité des tableaux change : les harmonies sont plus violentes, les couleurs plus vives.
 

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