Une étrange mélopée aux voix humaines emprisonnées surgit d’un réacteur de bombardier des années 1950… : avec ŠAMAŠ, spectaculaire installation sonore et visuelle encore jamais montrée en France, le compositeur et plasticien libanais Zad Moultaka lance un vibrant appel contre la barbarie des armes.
Sous les cieux chargés de haines, on peut encore entrevoir l’émergence des premiers codes de lois babyloniens et le désir d’une paix sauvage. Mais le danger guette les hommes où qu’ils soient car arrachés au sol et décrochés du ciel, ils deviennent sourds et aveugles à l’essence des choses. Zad Moultaka
ŠamaŠ, le dieu du soleil et de la justice des Babyloniens qui figure sur le premier code de lois connu, le code d’Hammourabi, est ici symboliquement représenté par un monumental moteur de bombardier, face à un mur étincelant évoquant le Veau d’Or. La composition musicale qui l’accompagne emprunte son texte à l’hymne au dieu sumérien, puisant dans un lexique akkadien des mots mutilés comme après une déflagration d’un missile tombé. Une étrange mélodie surgit d’un véritable réacteur de bombardier des années 1950 alors que les voix humaines et terrestres restent inaudibles, comme emprisonnées.
Organisée en trois temps, cette pièce se présente comme une boucle de 11’30 min, qui tel le palindrome de son nom, est une boucle sans fin illustrant les cycles de justice et de violences aveugles qui semblent inarrêtables.
Avec cette relique crépusculaire psalmodiée, Moultaka lance un appel vibrant contre la barbarie des armes. Et, dans la tragédie qui s’abat sur le Moyen-Orient, fait entendre la violence à défaut de la taire.
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