Grâce à l’exceptionnelle donation de Claude et France Lemand de plus de 1900 œuvres, le musée de l’IMA devient le premier consacré à l’art moderne et contemporain et aux civilisations arabes en Occident. Soutenu par le ministère de la Culture, le projet de rénovation en fera un musée arabe d’exception, pour le 40e anniversaire de l’IMA en 2027.
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Musée de l'IMA / Fabrice Cateloy
Cet espace montre l’unité du monde arabe au travers des multiples et durables expressions de ses civilisations. Il raconte la naissance progressive d’une « identité arabe », le terme « arabe » apparaissant pour la première fois en 853 avant l’ère commune sur une stèle assyrienne, avant d’être repris en hébreu, en grec et en latin.
Ces peuples, mais aussi le désert et les oasis, les campagnes et les villes, ont façonné des modes de vie et donné naissance à des formes artistiques d’une exceptionnelle richesse.
Les artistes du Machrek puis du Maghreb réinvestissent leurs patrimoines préislamiques : rupestre en Algérie, mésopotamien en Irak, pharaonique en Égypte, nabatéen en Jordanie ou romain au Liban… Civilisations antiques et vestiges archéologiques inspirent des artistes, parfois experts eux-mêmes (Adam Henein ou Dia Al-Azzawi).
Reem Al-Faisal
Or, ce monde islamique est habité par des personnes de différentes confessions : musulmans sunnites, chiites ou kharijites, chrétiens appartenant à différentes Églises, juifs, zoroastriens, bouddhistes… Il arrive donc souvent que des œuvres d’art islamique soient utilisées par des juifs ou des chrétiens, dans un contexte religieux.
Musée de l'IMA
L’expansion territoriale qui accompagne la naissance de l’islam favorise la création d’empires des rives de la Méditerranée aux frontières de la Chine, au sein desquels vivent des peuples de différentes ethnies, cultures et confessions.
L’objectif est de restituer ce qui fait le Beau et l’Utile dans le monde arabe après la naissance de l’islam ainsi que d’exposer ses continuités dans l’art moderne et contemporain. En effet, le concept de modernité arabe (hadâta) est intimement associé à celui d’authenticité (asâla). Forger son identité, préserver sa mémoire, transmettre son héritage ont constitué le canon d’un art moderne arabe, à la fois authentique et pluriel, qui participe pleinement de nos jours à la scène globale des arts. Les artistes dits « arabes »ont su rétablir des liens avec leur patrimoine tout en préservant leur dimension internationale.
Courtesy Galerie Claude Lemand
Elle couvre l’émergence émancipatrice de la Nahda, période d’échanges et d’influences culturelles, de bouleversements technologiques et d’affirmations nationales au Caire, à Beyrouth, à Damas et à Tunis. Les voyages jusqu’à Paris, Londres et même le continent américain nourrissent de florissants
dialogues artistiques transnationaux. L’essor de l’orientalisme, érigé en discipline scientifique, illustre une fascination pour la culture arabe, ses oeuvres et son mode de vie. La vision découlant de ce mouvement sera confrontée à celle issue d’Edward Saïd et des artistes contemporains, qui déconstruisent cette image d’un ailleurs colonial.
Musée de l'IMA / Philippe Maillard
Des chefs-d’œuvre de la collection du Nouveau Musée de l’IMA, de la fondation de la Ligue arabe à nos jours, seront exposés dans cette imposante galerie. Les récits de cette modernité plurielle et retraceront leurs liens avec les grands courants de l’histoire globale de l’art, dans leurs spécificités et leurs singularités.
Après la Seconde Guerre mondiale et la création de la Ligue arabe en 1945, les mouvements d’indépendance et la décolonisation s’intensifient. À la suite des pionniers d’avantguerre qui avaient adopté la tradition européenne des Beaux-Arts, une nouvelle scène artistique arabe s’affirme. L’art moderne émerge dans les pays arabes à la fin des années 1930 et au début des années 1950. Les avant-gardes assimilent de nouvelles esthétiques.
L’académisme illusionniste européen est abandonné au profit d’un ancrage local. Inspirées par les élans patriotiques, voire panarabes, ces avant-gardes interrogent le concept de nation et d’identité post-coloniale.
Il est cependant difficile d’enfermer l’artiste dans son arabité : il voyage, vit, dialogue, crée et expose au-delà de ses frontières.
Aujourd’hui plus que jamais, de l’Afrique du Nord aux pays du Golfe et sans oublier les diasporas, la scène artistique arabe s’impose par son dynamisme. Les artistes se projettent dans ce nouveau siècle avec leurs pratiques diversifiées, toujours plus cosmopolites et transnationales.
Plus qu’un discours univoque, cette sélection d’œuvres proposera des éclairages multiples, qui révèleront l’étendue, la complexité et la pluralité de leur créativité.
Musée de l'IMA
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