Il y a d’abord la personnalité de Paola Ruggeri, traversée par de multiples émotions. Loin d’une vision fantasmagorique et fantaisiste de la danse orientale, cette artiste trouve son inspiration dans la réalité populaire. Formée à la danse classique, l’ancienne étudiante à l’Isadora Duncan Foundation de New York s’est, par la suite, orientée vers la gestuelle contemporaine, initiée par de solides références en la matière comme Suzon Holzer, Pierre Doussaint, Ruth Barnes et Susan Buirge. En 1995, Paola décroche sa licence de danse contemporaine à l’université Paris V. Plus tard, intéressée par les danses populaires égyptiennes, en particulier celles des Ghawazi, elle se rend au pays des Pyramides pour s’y initier sous la direction de Nush Saïah et Khairiyya Mazin. Depuis 1991, elle dirige la compagnie Kata avec laquelle elle a créé une dizaine de spectacles en Italie et en France. Le dernier en date, Orients Dansés, qu’elle nous présentera lors de cette soirée, est le fruit d’une rencontre avec Isabelle Anna, magnifique danseuse de kathak indien.
Cette idée de réunir deux univers, géographiquement éloignés mais artistiquement si proches, est joliment résumée par l’ethnoscénologue et docteure en esthétique Eliane Béranger. «Cela pourrait être un conte oriental… Deux danseuses se connaissent pour se croiser sur leur lieu de travail. A quelques semaines d’intervalle, chacune assiste au spectacle de l’autre. En chacune s’éveille l’intuition émerveillée qu’en dépit des distances dans le temps et l’espace, leurs deux arts sont tramés de liens subtils. Plus encore, l’approche que chacune a de sa discipline est semblable : rigueur et humilité face à la tradition reçue, mais aussi curiosité pour en explorer les arcanes profondes, désir d’en faire vivre la richesse en les confrontant à d’autres thèmes ou d’autres musiques. F a i re de ces découvertes leur expression personnelle dans le monde d’aujourd’hui… Au cours de cette soirée, chacune présente des oeuvres traditionnelles transmises et des chorégraphies de création à partir de leurs recherches personnelles. Enfin, elles proposent une création commune qui porte aux yeux de tous les liens subtils qu’elles avaient d’abord ressentis…».
En somme, Paola et Isabelle mettent en exergue les points qui complètent les deux styles, ce qui donne lieu à un réjouissant échange et à une interaction dynamique entre le kathak et la danse orientale.